Arthur Rambo (2021) de Laurent Cantet

Boîte de pandore, boîte à camembert

Le vinaigre est tiré et il faut le boire jusqu'à la lie. La critique de la twittosphère proposée par Arthur Rambo tourne à l'aigre quand les réseaux sociaux seraient en fait un vrai révélateur de la société. Son inconscient est avec les réseaux sa poubelle et Karim D. / Mehdi Meklat d'avoir au moins servi d'ouvre-boîte de Pandore. La lie vire à l'hallali quand le jeune frère du héros lui dit que ses tweets dégueu ont parlé pour lui et tous les copains de la cité.

 

 

 

Le nouvel antisémitisme c'est eux, le séparatisme c'est eux, capice ? La pauvre Anne Alvaro est invitée à le résumer ainsi : c'est la loi, c'est la vie, c’est comme ça. Comme on regrette le temps béni-oui-oui où les arabes rasaient les murs, héros pudiques d'une exploitation silencieuse (vous aurez bien sûr reconnu dans la mère du héros le sosie de la Fatima de Philippe Faucon).

 

 

 

Décidément, l'intégration ne marche pas. Cette antienne réac sert alors un symptomatique mea culpa, celui d'une gauche qui jure que non, non, non, elle n'a rien à voir avec l'islamo-gauchisme, cette hydre de papier. Au moins, l'hypnose idéologique aura fonctionné sur Laurent Cantet, qui hésite tout du long sans trancher entre la posture de l'instituteur (les enfants, arrêtez de dire des bêtises) et celle du curé (le calvaire des ratés de l'intégration est aussi celui de ses croyants).

 

 

 

Si, à la fin, Laurent Cantet tranche : Karim a fait une grosse bêtise et s'en va. Très bien. Et ?

 

 

 

La critique est une farce qui retourne son dard contre elle-même quand les auteurs à la fin préviennent que les tweets imaginaires qui tatouent l'image ne reflètent en rien leur opinion. C'est grosso merdo la stratégie de la duplicité du personnage lui-même. Un gros symbole, le Selecto, cette boisson gazeuse algérienne qui gicle sur le pauvre Karim. L'Algérie, faut faire gaffe quand même, c'est une bouteille dont la pression vous éclabousse le visage. Et pour finir, un gag entre les lignes : l'absence du copain François Bégaudeau dans les remerciements.

 

 

 

On imagine pour rire, mais d'un rire trompant l'affliction provoquée par un tel film, ce dernier adoptant la même attitude à l'égard de Cantet que l'attaché de presse de Karim : écoute, je suis bien d'accord avec toi mais oublie-moi, oui on a un peu merdé avec les indigènes de la république mais le dandy de la gauche radicale que je suis ne peut décemment pas être l'ami de l'ami de Marianne.

 

 

 

Pandore, c'est aussi une boîte à camembert.

 

 

 

5 février 2022


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