Une année algérienne

(pages arrachées au journal de l'année passée, janvier 2019-janvier 2020)

Pour John T. Chance et le chat du Cheshire

 

 

 

Janvier. On rumine des colères de part et d'autre de la Méditerranée. Avec la cessation des activités des Rencontres Cinématographiques de Béjaïa (RCB), la plus grande manifestation culturelle non étatique dédiée depuis plus de quinze années au cinéma en Algérie, victime d'un acte de censure exercé à l'encontre du film Fragments de rêves de Bahia Bencheikh-El-Feggoun qui devait être projetée en clôture. Et la nomination en décembre à la tête de la Cinémathèque d'Alger de Salim Aggar qui est l'un des censeurs. Le 7, le réalisateur et producteur de télévision Youcef Goucem meurt en s'immolant par le feu devant le siège de Dzair TV, son employeur qui ne le paie pas depuis plusieurs mois. Des citoyens s'organisent alors en rêvant d'une autre industrie de l'audiovisuel et du cinéma, parmi lesquels des réalisateurs fidèles à l'esprit des pionniers de la cinémathèque algérienne. Peut-être ont-ils en tête en effet les manifestations de soutien en faveur de Henri Langlois menacé d'éviction par le pouvoir gaulliste en février 1968, un préalable en guise d'exercice pratique pour ses initiateurs lorsque se sont imposées les journées de Mai.

 

 

 

Février. Le pouvoir vacille quand tombe sa représentation, comme une peau morte. Le 19 à Khenchela à l'est de Béjaïa, un poster géant du président Bouteflika est décroché et foulé aux pieds. La même chose se reproduit à Annaba le 21, à Alger le lendemain alors que toute manifestation est interdite par le pouvoir depuis 2001. Ce qui s’appellera bientôt le hirak a déjà commencé et, avec le soulèvement populaire contre la confiscation de l'indépendance organisée depuis plus d'un demi-siècle par un État spoliateur et autoritaire, les images s'insurgent aussi. Les images se soulèvent et fusent de partout dans le pays, plus rapides que les replâtrages mal fichus de la propagande, en décollant des murs des représentations en couches qui ne conviennent plus aux exigences éruptives du présent. La profonde connivence de l'insurrection des images et du soulèvement des gens est l'affaire ludique et joyeuse des enfants dont le secret aura été gardé et protégé par le mythique Tahya ya Didou ! (1971) projeté le 10 février à l'Écran de Saint-Denis, en partenariat avec le Panorama des Cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient. La restauration numérique du film unique de Mohamed Zinet est tardive et pour son auteur mort dans la misère en 1995 le mal est fait, irréparable. Mais cette restauration a cependant valeur de relève différée (après coup, la relève se conjugue toujours au futur antérieur) à l'égard de l'un des plus beaux films algériens avec Nahla (1979) de Farouk Beloufa décédé en avril 2018, l’autre film unique avérant qu'en Algérie le cinéma n'est un art moderne, émancipateur et émancipé, qu'à être réfractaire à l'obéissance, disposé à la sensibilité libertaire et la dissidence.

 

 

 

Mars. Trois millions de personnes manifestent, on n'avait pas vu pareille situation depuis les journées insurrectionnelles de 1962. Le pouvoir croit y parer en agitant le spectre de la guerre civile des années 1990. D'autres fantômes inspirent cependant de nombreux manifestants, ceux fauchés des printemps kabyles de 1980 et 1981, ceux tombés d'octobre 1988 qui réclament toujours justice et vérité. L'inventivité des formes de mobilisation et des expressions s'empare des rues. Le soulèvement est une fête, une insurrection qui est aussi de l'imagination. Un néologisme dont la poétique est bricolée dans l'ancienne langue coloniale s'impose vite pour nommer les manifestations hebdomadaires du vendredi : vendredire.

 

 

 

Avril. Le pouvoir annonce la démission d'Abdelaziz Bouteflika, effective le jour suivant. Ce n'est pas une blague qui sent le poisson mais une victoire importante du hirak qui s'est saisi de l'annonce du cinquième mandat pour en faire une étincelle et mettre le feu à la plaine. Tout un chacun sait pourtant, dans les multitudes rassemblées qui font l'admiration du monde entier, que seule compte la bataille. La bataille du mouvement fait image dans la déhiscence de ses éclats dialectiques comme des battements de paupières, l'image à la fois destituante d'un État désavoué et constituante d'un peuple qui est moins le parent de l'événement que son enfant. Le président du Conseil de la nation Abdelkader Bensalah assure à partir du 9 l'intérim, le temps d'organiser de nouvelles élections présidentielles. Elles sont refusées par le mouvement qui a trop souvent expérimenté la séparation en vérité de la représentation électorale. Derrière le président intérimaire veille en effet le chef des armées Ahmed Gaïd Salah. Le pilier du clan Bouteflika avant de se retourner contre lui à coup de purges est alors, plus encore qu'avant, l'homme fort du pays.

 

 

 

Mai. Projeté le 22, un film se distingue à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes, Abou Leïla d'Amin Sidi-Boumédiène. Ce premier long-métrage de fiction très attendu témoigne d'une ambition singulière, celle de conjoindre le viscéral au cérébral en revisitant le genre du road-movie, mais seulement pour le fracturer de lignes de faille schizophréniques. Penser à L'Épouvantail de Jerry Schatzberg azimuté par le gore italien ou retourné en ruban de Möbius lynchien ne suffit cependant pas à remporter l'adhésion. Le retour sur la guerre civile des années 1990 déroule une bande ophidienne menant tout droit au désert, le premier drive-in de l'histoire de l'humanité sur l'écran duquel se projettent les références cinéphiles comme autant de fata morgana. Avant de plonger dans un ventre de desquamations transitoires pour toucher à l'os de l'Histoire avec un grand H, et ses éclats logés dans les têtes fracassées à coup de grande hache. Le lion d'une croyance dans le cinéma, s'il triomphe avec panache des vieux chameaux du cinéma d'État, augure encore la nécessité moins adolescente qu’enfantine du matin qui vient, cette aurore où l'on conviendrait enfin d'en finir avec la guerre qui, elle, n'en finissait pas de ne pas finir. Revenir du désert de la guerre civile survivant dans son spectre c'est exactement ce que désire le hirak et ce projet cinématographique longtemps mûri arrive pourtant, par un différé aussi serpentin que l'est sa narration, à en être l'exact contemporain. Abou Leïla est prévu pour sortir en France le 8 avril 2020.

 

 

 

Juin. La police arrête plusieurs dizaines de manifestants, les uns pour avoir témoigné publiquement de leurs opinions comme le vétéran de l'indépendance Lakhdar Bouregaâ, les autres pour avoir arboré le drapeau berbère, et tous encourent jusqu'à dix ans d'emprisonnement. Au milieu des trois bandes horizontales bleue, verte et jaune caractérisant le drapeau berbère se dégage en rouge un symbole, . Il s'agit de la trentième lettre de l'alphabet tifinagh, yaz, Z comme l'humanité et sa liberté. Z comme Zorro, Z comme Mohamed Zinet, Z comme Zarathoustra : Z est la lettre philosophique par excellence pour Gilles Deleuze, qui signe l'événement comme l'éclair d'une bifurcation. C'est une image que ne supporte pas un pouvoir qui manque d'idées, d'images et d’imagination, perdu dans la faillite de son système de représentation. Le 18, Fragments de rêves de Bahia Bencheikh-El-Feggoun est projeté au cinéma l'ABC de Toulouse en partenariat avec l'association des Ami-e-s d'Averroès. La projection du film qui a vu venir le hirak en en soutenant le plus intimement les promesses « naissancielles » est une joie plus grande encore avec la présence de la réalisatrice.

 

 

 

Juillet. La finale de la Coupe d'Afrique des Nations a lieu le 19 et elle oppose l'Algérie au Sénégal au Stade International du Caire. L'Algérie gagne un but à zéro. Le pouvoir pense tenir avec l'enthousiasme footballistique une bonne image du type de celle censée nourrir et contenir avec son nationalisme circonstancié les ardeurs populaires. Ce même pouvoir a cependant oublié que c'est précisément dans les stades qu'ont été fourbis des années durant, souvent tenus dans un épais mépris petit-bourgeois, les meilleurs slogans et chants moquant le discrédit de ses représentants, désormais repris en chœur par les multitudes intelligentes du hirak.

 

 

 

Août. Le 8, le pouvoir estime que les revendications populaires sont satisfaites. C'est une déclaration qui voudrait faire image. Le 23, les manifestants scandent des slogans hostiles à Ahmed Gaïd Salah et l'ancien présidentiable Ali Benflis. Ce sont d'autres faits qui s'imposent comme des images. Champ-contrechamp. Le battement dialectique des images passe par l'épreuve du négatif. Si elles s'opposent moins qu'elles se contredisent, la contradiction revient quand même de fait plutôt que de droit au contrechamp auquel appartient le soin de cultiver l'antagonisme.

 

 

 

Septembre. On n'y croyait plus, les 17èmes Rencontres Cinématographiques de Béjaïa ont pourtant bel et bien lieu un an après la décision de leur suspension. Entre-temps, le hirak a fait son effet. Le film censuré de Bahia Bencheikh-El-Feggoun, parce qu'il sentait la poudre monter partout dans le pays, aura d'ailleurs été à plusieurs reprises projeté, à la Cinémathèque de Béjaïa où ont lieu les RCB comme à celle d'Alger où officie Salim Aggar, ironiquement contraint de programmer le film qu'il avait lui-même avec d’autres censuré. La direction artistique incarnée par Leïla Aoudj met l'accent sur la production indépendante de films algériens pour la plupart dédiés à documenter l'état du pays depuis les douze derniers mois. On retient entre autres Nnuba de Sonia At Qasi-Kessi porté par ses montagnardes comme des géantes et son ivresse des sommets, aussi Unis vers Kateb de Rahma Benhamou El Madi qui offre à la jeunesse béjaouie, celle qui alimente les rangs des bénévoles de l'événement culturel, la grandeur cinématographique de ses engagements artistiques et politiques. Par ailleurs, on reste circonspect devant le très attendu Terminal sud de Rabah Ameur-Zaïmeche, pourtant signé de l'un des cinéastes les plus passionnants de part et d'autre des deux rives. Il revient avec un sixième long-métrage en forme de conte inactuel et nébuleux, remué par les spectres de la guerre civile, de plus d’une guerre, plusieurs qui n'en formeraient qu'une seule entre la France et l'Algérie depuis presque deux siècles d'histoire commune. Mais l'archipel de ses beautés éparses, pensives et suspensives, souffre aussi d'un plaquage allégorique forçant la voie de l'enténébrement alors que l'obscurcissement n'est décidément plus à l'ordre du jour avec le hirak. L'éclaircie se trouve ailleurs, à l'occasion des deux grands moments des RCB. Une programmation « Straub Algérien ! » dédiée à Jean-Marie Straub rappelle que la surrection de l'une des plus grandes figures de la modernité cinématographique a donné une chaîne de montagnes faite des plissements de la contre-histoire des insurrections populaires, fondée entre autres par le non du refus de faire la guerre au peuple algérien. Le non affirmatif et catégorique aura été toujours déjà celui d'Antigone. Et puis la projection de Nar – Le Feu de Meryem Achour Bouakkaz montre, grâce au regard de caracal de Nasser Medjkane, que les immolés sont tous des enfants d'Empédocle. Au loin, une montagne de feu, joyau de l'Atlas tellien, continue de protéger l'une des plus belles centrales électriques du cinéma algérien, elle se nomme Yemna Gouraya.

 

 

 

Octobre. Le 9 sort sur les écrans français Papicha, le premier long-métrage de Mounia Meddour. Le film a droit une belle couverture médiatique depuis sa sélection à Un Certain Regard au Festival de Cannes, sans toutefois compenser le fait que le film n'a toujours pas été autorisé à être projeté en Algérie. D’emblée, le choix de l'hystérisation des scènes censé témoigner de la fébrilité des années 1990 devient par la facticité prononcée de son opération séduction le symptôme profond d'un manque de maturation. Le film à vouloir coller les yeux de trop près les brouille comme un rata mal touillé, comme un abus de sfenj indispose l'estomac. On voudrait respirer, on repense alors aux grands éclats de rire lucide de Ô combien je vous aime (1985) d'Azzedine Meddour, grand film de montage-démontage-remontage d'archives coloniales signé du père de l'autrice de Papicha. Le 21, Demande à ton ombre de Lamine Ammar-Khodja est projeté au cinéma l'ABC de Toulouse, programmé dans le cadre des journées culturelles franco-algériennes des Ami-e-s d'Averroès. Le film date de 2012 mais il est proposé dans un remontage datant de 2016 qui affine l'analyse du rendez-vous manqué des manifestations populaires de janvier 2011. Le réalisateur-acteur – surnommons-le LAK – y recompose son personnage de zouave au regard de chouette, décalé par rapport aux événements mais suffisamment pour faire de l'entrechat des pas de côté le moyen de voir pourquoi les manifestants intégrés d'un côté et de l'autre les émeutiers désaffiliés ne pouvaient alors pas encore se rencontrer. La contradiction sociale se traduit aussi par une sociologie primesautière et impertinente des clivages générationnels et c'est leur maturation qui, entre autres, autorisera huit ans plus tard que la rencontre ait enfin lieu. Ce qui sera le cas sous les auspices de l'un des plus beaux chants de supporteurs qui soit, celui du groupe Ouled El-Bahdja de l'Union sportive de la médina d'Alger (USMA), devenu depuis l'hymne du hirak tel qu’il retentit vigoureusement dans Nar et Unis vers Kateb : « La Casa del Mouradia ».

 

 

 

Novembre. Entre le 18 et le 25, la 34ème édition du Festival Entrevues de Belfort propose dans sa riche programmation un panorama dédié à « L'Algérie, aujourd'hui ». Y sont montrés quelques-uns des films algériens parmi les plus importants de ces dernières années. On citera autres autres Loubia Hamra (2013) de Narimane Mari, Bla cinima (2014) de Lamine Ammar-Khodja, Samir dans la poussière (2015) de Mohamed Ouzine, Le Jardin d'essai (2016) de Dania Reymond et Atlal (2016) de Djamel Kerkar, l'un des chefs-d'œuvre de la décennie toutes catégories confondues. On retient trois autres films. Sur les pentes des collines (2017) d'Abdallah Badis est un road-movie ralenti et nimbé de mélancolie, dédié à la jeunesse désœuvrée des cités d'Oran, invitée par le cinéaste à trouver d'amples occasions de respirer l'air d'une campagne retrouvée. Le retour au pays tient alors moins de la colonie de vacances que d'un consentement à lent coefficient épiphanique, quasiment rossellinien, dévolu à la paix qui se lit à la surface des pages que sont les plans et à celle des visages des paysans. Inland – Gabbla (2008) de Tariq Teguia est un autre road-movie. C'est surtout une œuvre immense qui varie les vitesses et trace au graphite des points de suspension et des lignes de fuite sur le plan offert par la puissance continentale, africaine et noire de l'Algérie, dans le dos brûlant d'Alger dont la surexposition en offusque les stellaires intensités. C'est comme si le pays était redécouvert dans ses plaques tectoniques révélant une étonnante affinité avec une Amérique seulement approchée par les esclaves en fuite, les écrivains transcendantalistes et les artistes beat. L'Algérie retrouvée dans son dos, sa sous-exposition dialectisée, en soustraction à la capitale algéroise surexposée, remet en mouvement le topographe ascétique doublé du militant recouvert de la suie des années 1990, interprété par le minéral Kader Affak jusqu'aux limites extatiques du Chott ech Chergui. Algérie retrouvée, sa redécouverte fait sortir aussi les militants repliés dans la coquille de leurs cellules politiques. Elle les remet en marche et, préparée par l'ivresse haranguée des chanteurs itinérants du raï, c'est une joie sensible, solaire et tellurique dont la lumière fossile éclaire rétrospectivement l'actualité du hirak. En compétition aux côtés de Abou Leïla d'Amin Sidi Boumédène, 143 rue du désert (2019) de Hassen Ferhani est un autre film important, salué au Festival de Locarno et enroulé autour du corps généreux de la tenancière d'un relais routier aux portes du désert saharien. C'est une figure de gardienne mythique qui apparaît alors dans toute sa souveraineté. Ses secrets constituent le nucléus autour duquel tourne le film comme autour d'un rond-point, en faisant tournoyer sa figure d'élection comme une étoile éclairant la nuit du désastre d'une masculinité auto-intoxiquée par les surenchères de l'intégrisme. Éminemment fordienne postée en face d'un autre désert des Tartares, la gardienne tient le seuil en tenant la barre de la réserve, riche d'un hors-champ qui appartient autant à l'anthropologie des rapports sociaux de sexe qu'aux foyers inavoués d’une histoire personnelle nichés dans son corps. Le seuil qu'elle tient dans une retenue qui ne s'empêche pas d'être ludique est bien celui d'une limite approchée mais toujours respectée, la membrane doucement affleurée sans jamais être transgressée. C'est alors que l’on peut sentir la blessure au flanc d'une reine solitaire et mélancolique, comme une machine célibataire dont la maternité vaut pour tous ceux qui désirent jouir de son hospitalité sans jamais valoir pour elle, saisie dans l'attente de qui saurait y reconnaître un précieux Graal. 143 rue du désert a pour son spectateur la valeur d'une preuve, celle que Perceval est bel et bien venu.

 

 

 

Décembre. Le 19, Abdelmadjid Tebboune est élu président mais, avec une abstention record, est privé de toute légitimité populaire. On s'en fiche un peu quand on apprend, le même jour, qu'est décédé à Paris Chérif Aggoune, réalisateur ami des Rencontres de Béjaïa, grand amateur de westerns de Howard Hawks et auteur entre autres d'un film important, le court-métrage La Fin des djinns (1990) entièrement écrit et parlé en tamazight. Le 23, Ahmed Gaïd Salah meurt décède d'un infarctus mais il n'y a aucune raison de se réjouir. D'autant que l'on apprend le 1er janvier 2020 le décès d'un autre ami des RCB, Nasser Medjkane, ce photographe de presse à la moustache de lynx qui ne s'est jamais dit qu'il était un opérateur de cinéma professionnel, lui qui a pourtant signé les images sublimes de quelques-uns des meilleurs films algériens de ces dernières années, Rome plutôt que vous, Inland et Révolution Zendj (2013) de Tariq Teguia, El Oued, l'oued (2013) d'Abdenour Zahzah et Loubia Hamra, Fragments de rêves et Nar. Beaucoup ont mal mais ils savent aussi que l'histoire continue, elle n'attend pas, qui file sans prendre la peine de donner du temps à nos peines. La révolution est le mouvement permanent. Elle n'a pas d'autre fin que les moyens qu'elle se donne à elle-même pour faire du peuple l'enfant de l'événement qui l'a remis au monde. Et pour faire du jour qui vient le jour intervallaire par excellence – le dernier jour du monde d'avant qui est aussi le premier du monde suivant.

 

 

 

Janvier. La suite du monde continue. Par exemple le 25, jour où Tariq Teguia montre au Centre Pompidou des photogrammes de son prochain film à l’occasion de la 15ème édition du festival Hors Pistes. Des images en noir et blanc et silencieuses, offertes à la « silmiyya » du peuple algérien, autrement dit à sa bienveillance et sa civilité qui est une affaire profonde de civilisation.

 

 

 

L'an nouveau comme l'année passée : révolution, pas un choix mais un impératif, politique comme de civilisation. « Il faut une révolution » est la conclusion du Livre d'image (2018) de Jean-Luc Godard et le hirak est si bienveillant qu’il lui donne également raison.

 

 

 

 

3 janvier-23 février 2020


Commentaires: 0