Autres textes de cinéma de 210 à 220

  • Elvis de Baz Luhrmann : Love Me Tender (de poulet)

 

Du style hyperbolique de Baz Luhrmann à l'hyperglycémie fatale au King, friture sur toute la ligne. Avec l'archive qui se substitue aux prothèses cosmétiques de la fiction, le faux dégorge à la fin du vrai : la friture kitsch a ses toxicos et la culture saturée, ses diabétiques souffrant d'obésité.

 

  • Men d'Alex Garland : Les échos de Narcisse

 

Avec ses deux films précédents, Alex Garland a tracé son autoportrait : le narcissisme a ses pièges comme ses remèdes mais le pharmakon est un poison révélant le simulateur derrière le pharmacien. Pourtant, Men arrive un rien à brouiller le tain du miroir où se mire un énième disciple kubrickien.

 

 

La culture est purgative, elle neutralise et dépolitise. La culture banalise et François Ozon est un petit maître dans la trivialisation.

 

  • Ventura de Pedro Costa : Le couteau dans le dos

 

Ventura est un film-cerveau qui fait voir l'histoire autrement, le dos noir de la révolution des Œillets, son envers tailladé.

 

 

« Ne jamais dire jamais » : l'expression irait comme un gant à Annie Jamet quand, en passant de l'autre côté du miroir-écran, la jeune actrice s'est transformée en devenant Juliet Berto, sorcière et flibustière, fille de l'air et petite nymphe au corps de feu.

 

 

Un emblème est une image d'un genre particulier, lié à l'origine au religieux et archétypique du Moyen Âge en associant un symbole avec une sentence en guise de devise. En grec, emballô signifie insérer, littéralement jeter dans, lancer, envahir également. L'emblématique chez Joseph Losey qualifierait ses films en les définissant comme des blasons, composés de symboles et de devises dont les seconds sont mystérieux quand les premiers sont énigmatiques.

 

 

Le cinéma de Michel Franco tient en une équation simple : des scénarios pervers filmés avec impavidité. Chez lui, le crapoteux mérite pour détergent un regard de clinicien. La morale est conforme à l'époque : le surmoi commande au redoublement des jouissances, transgressives puis sanctionnées. On accepte cependant de voir que Sundown fait son tout petit effet en poussant le curseur de la perversité à l'encontre du corps vitré de ses propres évidences.

 

 

Un émerveillement. Que le cinéma ait pu émerveiller et qu'il puisse émerveiller encore. Que l'on n'en revienne pas. Jean Painlevé est un cinéaste merveilleux en ce qu'il protège notre enfance, qui est curiosité et étonnement, avec la même générosité qu'il restitue au cinéma lui-même l'enfance d'un art qui se refuse encore à séparer la science de la poésie, l'humour de la pédagogie.

 

 

L'Aquarium et la nation est une merveilleuse petite construction dialectique, simple et puissante, drôle et joyeuse. Le film de Jean-Marie Straub plaide pour faire revenir la nation au bercail d'une politique d'émancipation. Le passage de l'aquarium comme objet à l'aquarium comme métaphore est un premier saut qualitatif mais il ne suffit pas. Il en faut en effet un second pour faire jaillir une joie purement dialectique.

 

 

Si les adultes ont une enfance chez François Truffaut, c'est parce que l'enfant qu'ils ont été est mort, sauvagement assassiné. L'enfance est la survivance de ce qui, dans l'adulte, persiste dans l'incomplet, dans le muet et l'inachevé.