Nouvelles du Front de 221 à 230

  • Nouvelles 221 : Que m'est-il arrivé ? (face au cinéma d'Ida Lupino)

 

Ida Lupino est une autrice complète. À la fois productrice, scénariste, réalisatrice et quelquefois même actrice des six films qu'elle a tournés entre 1949 et 1953, elle a occupé pendant quatre années d'intense créativité une position d'exception dans l'industrie hollywoodienne.

 

  • Nouvelles 222, 223, 224 et 225 : David Lynch cinéma schizo

 

Dire que David Lynch est, avec Jean-Luc Godard, l'un des plus grands artistes schizo en cinéma ne consiste pas à proposer d'établir un diagnostic clinique. La schizophrénie n'est plus le nom d'un trouble mental dissociatif mais inspire l'acte de création lui-même dès lors qu'il est considéré selon ses propres investissements de désir et ses prélèvements d'objets partiels, à partir de l'émission singulière de ses flux (d'images et de sons) et leurs coupures (montage), comme processus de production, de connexion et de machination. En effet, ici, tout est production et rapport de production, tout est machine, machine de machine et machination à l'infini : schizoïdie.

 

  • Nouvelles 226 : Ian Menoyot, de la vallée de la Senne à la vallée de la paix

 

La Senne, rivière enfouie, nymphe profanée et punie de l’avoir été. Ian Menoyot y a tourné plusieurs fois et, après bien des catabases, il en est revenu avec un triptyque dédié à l’ondine prostituée dont Bruxelles a bien profité avant de l’enfermer dans les souterrains d’un infernal voûtement. Comme si la princesse était devenue un dragon. Le triptyque de la Senne est un poème orphique en trois panneaux qui ouvrent sur la fascination d’une reconsidération après toute sidération, d’un désœuvrement après toute volonté de néant. Alors la rivière morte-vivante débouche sur une vallée d’hospitalité, accueillante pour des ombres qui ont de l’avenir et des spectres qui durent, reliée souterrainement à une vallée alpine dont les paysages avèrent qu’elle est après la vallée de la Senne une autre vallée de la paix.

 

  • Nouvelles 227 : Nicolas Philibert, le conflit des muets et des parlants

 

De vieilles bobines Pathé sont posées sur la table d'un jardin, Félix le chat, Charlie Chaplin. Des restes rouillées d'enfance mais tout autour est en tapis et rideau verdure et luxuriance. La pellicule défraîchie et chiffonnée des antiquités cinématographiques est une racine chez elle dans la tapisserie végétale, au milieu du rhizome horizontal et vertical. C'est un jardin étrange, à la fois sauvage et cultivé, citadin et tropical, planté au milieu des HLM, une secrète hétérotopie signée de la paysagiste Denise Hérisson.

 

 

Les personnages de Jacques Becker vont vite, si souvent pris en flagrant délit de courir après l'instant d'après. L'indolence orientale et proverbiale d'Ali Baba joué par le méditerranéen Fernandel resterait une exception si peu appréciée des amateurs du cinéaste. Pourtant, les quarante voleurs sont une horde sauvage qui s'empresse de punir le voleur du sésame ouvrant la caverne où s'accumulent non seulement les trésors du moment mais également l'or du temps.