Nouvelles du Front de 251 à 260

  • Low Life de Nicolas Klotz et Élisabeth Klotz, reprise : En avant jeunesse !

 

Il y a, non-écrite, la loi des amis dont la communauté ouverte et aléatoire donne asile aux étrangers auxquels l’État dénie tout droit à l’hospitalité et il y a l’égalité souveraine du même sommeil des amoureux : dans Low Life l’exception à l’état d’exception est la chose commune, la zone des jeunesses mobilisées et des travailleurs sans-papier, Zombies, Hamlet et Antigone qui ont pour Schibboleth la maxime suivante, universelle : d’ailleurs nous sommes d’ici.

 

(de la trilogie Spider-Man : Homecoming, Far From Home et No Way Home)

 

Peter Parker, Spider-Man est sa blessure (la morsure de l'araignée radioactive) avant d'être son destin (le costume expose jusqu'à l'exhibition parodique l'intime secret de l'adolescent, celui d'une mutabilité qui est aussi sa schizophrénie). L'industrie dont les toiles tissées par l'homme-araignée donnent une image de vérité est autrement schizo, entre le gigantisme du blockbuster et le quotidien du teenage-movie, aussi entre hyper-mémoire (la kyrielle des remakes et des séquelles) et tabula rasa (le reboot est un reset).

 

  •  Nous d'Alice Diop : Le roman national et son reste

 

Il y a des gens qui se ressemblent et ne se ressemblent pas parce qu'il y a des mondes sociaux différents et s’ils se rassemblent, c’est seulement dans le montage rhapsodique du film construit comme un transport en commun. Une multiplicité de gens saisis dans la variété des mondes qu'ils habitent. Un peuple qui dirait nous. Oui, mais quel peuple ? Oui, mais quel nous ? Les gens qui sont des semblables sont-ils pour autant des égaux ?

 

 

Parler, s'entretenir et disputer de ce dont on parle : Sembène Ousmane est un cinéaste important en ceci qu'il est un grand cinéaste (du) parlant. C'est en parlant que les anciens sujets colonisés entrent dans l'image en l'investissant des pensées que les anciens maîtres ne leur auraient jamais prêtées. Les images parlent en étant parlées par ceux qui, jusqu'à présent, n'avaient pas droit de cité, qui est aussi un droit de citation et d'expression, de paraître et de comparaître.

 

  • Gabès, le cinéma, ses fata morgana (Gabès Cinéma FEN, 4ème édition, parties I et II)

 

La quatrième édition du Gabès Cinéma FEN montre, depuis sa refondation en 2018, que le festival a le désir de s'inscrire durablement dans la région. Le recours au cinéma, en incluant l'art vidéo et même la réalité virtuelle, participe symboliquement à la redynamisation d'une cité encore largement tributaire du poids de ses industries. Le cinéma comme un poumon investi par les associations culturelles, mais aussi citoyennes et écologiques. Le cinéma pour respirer : beaucoup y croit et cela se voit, avec des résultats concrets.

 

  • Gare au loup (Hurlements de Joe Dante et Le Loup-garou de Londres de John Landis)

 

Le loup-garou dit littéralement le loup dont il faut se garder. Gare au loup nous disent en effet le garou du vieux français, le werewolf anglo-saxon et le berserker des mythologies scandinaves. Gare au loup-garou qu’il y a dans tout humain dont on retourne la peau – varou, versipellis.

 

 

L'événement de cinéma ayant ouvert l'année en fanfare, c'est Tigritudes, une programmation initiée dans le cadre de la Saison Africa2020, et abritée par le Forum des Images entre le 12 janvier et le 27 février 2022. Porté par ses deux emballantes initiatrices, les réalisatrices Diana Gaye et Valérie Osouf, le geste est ample et d'une prodigalité inouïe, celui de l'anthologie panafricaine et chronologique, qui démarre en 1956 (année de l'indépendance du Soudan) pour s'achever en 2021, en ayant pour grigri une belle formule de l'écrivain nigérian Wole Soyinka : « Un tigre ne proclame pas sa tigritude. Il bondit sur sa proie pour la dévorer ».