Nouvelles du front de 121 à 130

 

Adama Bamba, Moustapha Cissé, Ibrahim Diallo, Mamadou Diomandé, Inza Koné, Souleyman S., Méité Soualiho et Mohammed Zia comparaissent, devant nous. Littéralement, tous sont des citations à comparaître. Si Olivier Coulon-Jablonka est l'auteur de la comparution en question, il est aussi celui qui, au titre du metteur en scène d'une « pièce d'actualité » (la troisième programmée au Théâtre de la Commune d'Aubervilliers) intitulée 81 avenue Victor Hugo, divise la figure même de la citation à comparaître.

 

 

Le Petit Mahagonny proposé par la troupe du Moukden-Théâtre consiste en une réduction de Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny (« Aufstieg und Fall der Stadt Mahagonny »), l’opéra moderne et satirique écrit par Bertolt Brecht et composé par Kurt Weill en 1930, trois ans après une première version donnée à Baden-Baden sous la forme d’un « Songspiel » en un acte. Réduire ne signifiera pas ici appauvrir et trahir, mais bien plutôt ramasser la substantifique moelle de l’œuvre (l’opéra comporte en tout vingt courts tableaux) en la concentrant autour de quelques scènes fondamentales qui la résumeraient parfaitement.

 

 

L'exposition Metaphora est proposée par la galerie Mamia Bretesche, du 14 novembre au 18 décembre 2015. Pour voir un aperçu de l'exposition, allez sur le site de la galerie Mamia Bretesche. Bruno Hadjih est un photographe d'origine kabyle né en Algérie. Son travail photographique l'amène à parcourir le monde pour mieux capter la singularité de ses intensités : depuis vingt ans, de nombreuses expositions attestent l'importance de son regard. Il est aussi avec Aziz Chouaki l'auteur de Avoir vingt ans à Alger et a également participé à la conception du film At(h)ome d'Élisabeth Leuvrey.

 

 

Comprendre comment les images relèvent moins de prises de parti que de prises de position, c'est apprendre des méthodes, pratiques ou stratégies déployées par ceux qui les auront montées afin de plonger dans l'œil de l'histoire et, comme le fit le rasoir en ouverture de Un chien andalou (1929) de Luis Buñuel et Salvador Dali, en couper en deux le globe afin de relever l'image des opprimés que l'écriture de l'histoire imposée par les oppresseurs occulte.

 

 

Les meurtres de masse commis à Paris entre le 7 et 9 janvier 2015 ayant fait 17 victimes, suivis par ceux de Paris et Saint-Denis perpétrés le 13 novembre 2015 ayant causé la mort de 130 personnes, encore récemment ceux de Bruxelles le 22 mars 2016, tous revendiqués par leurs auteurs dans la filiation idéologique d'Al-Qaïda et surtout de Daesh, obligent à un nécessaire effort de penser ce qui semblerait résister à la pensée. S'efforcer de penser les forces activement réactives et nihilistes qui aujourd'hui se démènent pour nous faire préférer à la catastrophe capitaliste le désastre rival et mimétique du fondamentalisme, c'est certes marquer le défaut d'une politique globale d'émancipation.

 

 

Non seulement la une du magazine Le Point, à l'instar de tant d'autres bien sûr, est exemplaire du manche du côté duquel penche un titre de presse dont le milliardaire Pinault est l'avisé propriétaire, mais cette une-là en particulier est symptomatique de la peur qui semblerait commencer à gagner la classe dominante, actuellement contestée dans sa domination par des franges larges de dominés qui paraissent de moins en moins se satisfaire de l'être et de le rester.

 

 

Pourquoi dire du Zapping, ce petit programme quotidien (le jargon des professionnels de la profession appelle cela une pastille) proposé sur Canal+ depuis septembre 1989 et piloté depuis 27 ans maintenant par Patrick Menais, qu'il constitue probablement la meilleure émission de télévision jamais faite ? Et, même, probablement la dernière puisque l'actionnaire majoritaire de la chaîne cryptée, Vincent Bolloré, aura tout fait pour obtenir son arrêt programmé pour le 30 juin prochain ? Le 30 juin 2016, c'est-à-dire aujourd'hui.

 

 

On sait le bonhomme aussi curieux qu'infatigable, actif sur les multiples fronts caractérisant les dimensions à la fois théorique et pratique de son travail (les documentaires se suivent à un rythme soutenu, non moins que l'écriture d'ouvrages entrelacée des interventions données aux Ateliers Varan comme à l'occasion des séminaires de Lussas et Lagrasse), tenant dans un coin du viseur l'œuvre d'André Bazin et dans l'autre celle de Guy Debord afin de protéger cette distinction décisive entre le cinéma (encore préoccupé de la poursuite du monde saisie dans la vérité construite de son inscription documentaire) et le spectacle (convertissant le réel en hyper-réalité programmable à des fins de calculabilité idéologique et économique).

 

 

Trois contes – comme chez Gustave Flaubert (la synthèse en trois volets d’une écriture proposée en apothéose de l’œuvre) ? Un triptyque évidemment (on y revient). Mais aussi trois occasions de recommencer un geste littéraire marqué, comme son double cinématographique, par de blancs ou noirs silences longs de plusieurs décennies (l’œuvre de Marc Scialom serait à ce titre comme une ellipse à double foyer).

 

 

L'autre nous va bien quand il relève des mouvements de balancier de la dialectique du pour-soi et du pour-autrui de Hegel à Sartre. Ou bien encore quand il s'inscrit comme autrui dans l'éthique de la responsabilité levinassienne ou comme champ de l'Autre au principe du réseau des signifiants, du désir et de l'inconscient dans l'éthique de la psychanalyse lacanienne. C'est pourquoi l'on aime moins face au même répondre de et avec l'autre que préférer souvent dire que l'autre est celui de cet autre que nous sommes pour lui. Mais s'il y avait moyen de dialectiser le couple structural du même et de l'autre afin de prendre la tangente ? Et s'il y avait plus d'un risque lové à l'intérieur même des relations de l'autre et du même ?