Nouvelles du front de 131 à 140

 

Les sondomanes et autres éditocrates sont tous formels : rien ne va plus concernant le grand jeu quinquennal des élections présidentielles. Avec Fillon et Le Pen discrédités par les casseroles d’emplois fictifs au bénéfice de leurs proches, Mélenchon qui décroche malgré le soutien des communistes et le joujou de son hologramme fétiche (symptôme de l'inconsistance spectrale de la « gauche de gauche » ?), le joker Macron chouchouté par les médias et les candidatures trotskystes souverainement méprisées par une presse aux ordres du grand capital, nous voilà bien avec une édition 2017 rien moins que confuse et incertaine.

 

 

Pourquoi une revue de cinéma ? Simple comme bonjour : pour écrire et donner à lire, pour lire et donner à voir – une revue pour donner envie de revoir. Pour la petite machine de guerre au principe de la pensée critique de Serge Daney, l'un des fondateurs historiques de la revue Trafic créée en décembre 1991 avec la complicité de Jean-Claude Biette (Sylvie Pierre, Raymond Bellour et Patrice Rollet rejoindront le comité de rédaction, suivis par Marcos Uzal), voir (des films) se combine avec écrire (des textes) d'un côté et parler (du cinéma) de l'autre.

 

 

Selon l'anthropologue Alain Bertho, la meilleure réponse à apporter face à ce qu'il nomme la « misère de la radicalisation », et dont le terrorisme islamiste serait actuellement l'une des manifestations paradigmatiques, consisterait à lui opposer ce qu'il appelle la « richesse de la radicalité » (Les Enfants du chaos. Essai sur le temps des martyrs, éd. La Découverte-coll. « Cahiers libres », 2016, p. 175).

 

 

« Le Baroque ne renvoie pas à une essence, mais plutôt à une fonction opératoire, à un trait. Il ne cesse de faire des plis. Il n'invente pas la chose (...)... Mais il courbe et recourbe les plis, les pousse à l'infini, plis sur pli, pli selon pli. Le trait du Baroque, c'est le pli qui va à l'infini. » (p. 5). On peut distinguer comme le fait le philosophe l'infini ainsi saisi selon son étagement propre, dans les replis de la matière et dans les plis dans l'âme.

 

 

Il faut défendre le spectateur, constamment disputé. L’un des pires lieux communs qui continuent encore à être attachés à la notion de spectateur consiste en effet à en identifier la passivité coupable, preuve par la capture émotionnelle et la suspension consécutive de toute réflexion critique d’une aliénation accomplie.

 

 

On aime dans From the Ground to the Cloud, la nouvelle mise en scène théâtrale d'Olivier Coulon-Jablonka à partir d'une enquête documentaire d'Eve Gollac, que le plaisir du jeu soit toujours aussi communicatif. Y compris jusqu'à assumer de frayer à force de collages et glissements, citations et courts-circuits dans les parages ambivalents d'une implication par la connivence rieuse toujours compliquée par la distance sérieuse de l'analyse didactique.

 

 

Il y a des catastrophes dont le visage ne se fait connaître qu'après coup, en différé. On découvre seulement aujourd'hui qu'en octobre 2016 disparaissait Caroline Crawley. La mort, toujours, possède sur les vivants son sale petit coup d'avance, en imposant de surcroît la tristesse à rebours, ses effets radioactifs compris rétrospectivement.

... cette spirale mortelle...

 

 

Selon Clément Rosset, le réel est l’ensemble non clos d’objets non identifiables. C’est pourquoi l’être humain craint le réel car il ne s’habitue pas à son caractère imprévisible et imprédictible, à sa propension à déjouer ses désirs et attentes imaginaires. Cette impossibilité littérale du réel, dès lors que l'on comprend bien que le contraire du réel est le possible, est ce qui peut nous mener dans les cas les plus extrêmes jusqu’à la folie et au suicide.

 

 

Né en 1878, Alfred Döblin est issu d'une famille de commerçants juifs qui déménage à Berlin en 1888, son enfance étant marquée par l'abandon du domicile conjugal par un père volage parti avec sa maîtresse aux États-Unis.

 

 

Une bonne manière d'apprécier Les Temps modernes, le nouveau livre de Jacques Rancière récemment publié aux éditions La Fabrique, c'est de le lire d'une main en tenant dans l'autre La Méthode de la scène.