Antisémitisme, antisionisme, judéophobie, tous synonymes ?

Depuis une dizaine d'années, des actes perpétrés à l'encontre de personnes identifiées par leurs agresseurs comme étant de confession juive et dès lors dignes d'être victimes de leur violence avèrent la virulence d'un antisémitisme avec lequel, décidément, la société française n'a pas fini d'en finir. L'assassinat d'Ilan Halimi par Youssouf Fofana et son « gang des barbares » en janvier 2006 ; le pic d'actes antisémites commis en janvier 2009 alors que fait rage la guerre d'Israël contre les habitants de la bande de Gaza ; le meurtre de trois enfants et d'un professeur d'une école juive de Toulouse par Mohamed Merah en mars 2012 ; la séquestration d'un couple de Créteil et le viol d'une jeune femme en décembre 2014 au prétexte qu'« être juif signifie que l'on a de l'argent » ; la manifestation dite « Jour de colère » en janvier 2014 où des opposants au mariage homosexuel menés entre autres par l'officine intégriste Civitas font des saluts nazis en hurlant « dehors, les Juifs » ; l'assassinat de quatre clients d'un supermarché casher de Vincennes deux jours après l'attentat visant l'équipe éditoriale de Charlie hebdo en janvier 2015 ; les assassinats de Sarah Halimi et Mireille Knoll en 2017 et 2018. Sans évoquer les déclarations récurrentes et provocatrices, sur Internet ou dans des salles de spectacle, de figures diversement médiatiques comme Kemi Seba, Alain Soral ou Dieudonné M'Bala M'Bala. Sans compter la sale rengaine des tombes profanées.

 

 

Toutes ces affaires criminelles particulièrement médiatisées indiquent l'horrible persévérance de l'antisémitisme, dont la bêtise retrouverait selon certains observateurs un élan jamais vu depuis la période de Vichy. Et sa nouveauté consisterait ainsi à ce que cet antisémitisme soit largement le fait actuel d'individus français d'ascendance migratoire et (post)coloniale originaire des pays d'Afrique du nord ou subsaharienne majoritairement musulmans.

 

 

Si l'antisémitisme est une réalité sociale criminelle que tout antiraciste conséquent doit combattre sans exception en raison de l'unité fondamentale du genre humain, l'argument d'un « nouvel antisémitisme » dans ses usages, amalgamant et hyperboliques, sert aussi dans le débat public à discréditer toutes les critiques concernant la politique d'occupation israélienne des territoires palestiniens, en identifiant de surcroît et majoritairement ses expressions à des musulmans visés comme communauté homogène et pathogène. A ce titre, un « nouvel antisémitisme » aurait ainsi fait son apparition que certains essayistes qualifient de « judéophobie ». Au risque, parfois ouvertement assumé, de stigmatiser l'ensemble des membres d'une confession sous prétexte que des assassins antisémites ont revendiqué la leur, comme de décrédibiliser les partisans sincères d'une solution de paix viable entre Israéliens et Palestiniens.

 

 

L'antisémitisme serait-il devenu l'horizon de notre époque obscure, nommant le double symptôme de la haine séculière des juifs actualisée dans celle d'Israël et de la communautarisation antirépublicaine des musulmans ? Ou bien l'antisémitisme, réduit à une somme d'actes considérés de manière univoque et biaisée, servirait-il à justifier l'instrumentalisation d'une cause juste mais pervertie quand elle inclut les derniers avatars des vieux discours de la domination et de la stigmatisation ?

 

 

1) Alors que l’antijudaïsme qualifie une haine interreligieuse au nom de laquelle les juifs doivent être minorisés ou ségrégués par les chrétiens ou les musulmans, l’antisémitisme est, comme l’ont entre autres montré Hannah Arendt et Léon Poliakov, la transposition moderne, européenne et sécularisée de la haine anti-judaïque. Les juifs ne forment alors plus un groupe religieux à stigmatiser et discriminer, mais un groupe social à exclure, susceptible d’être victime de ces meurtres collectifs qu’ont été les pogroms. Voire, comme sous l’Allemagne nazie, à détruire dans les camps d’extermination.

 

 

Depuis la magistrale étude de Hannah Arendt Les Origines du totalitarisme jusqu’à Coloniser. Exterminer du philosophe Olivier Le Cour Grandmaison en passant par l’étude de la généalogie de la violence nazie par l’historien Enzo Traverso ou encore les réflexions du poète Aimé Césaire1, on comprend à quel point c’est d’une même séquence historique qu’il s’agit quand on articule la violence exterminatrice ayant eu lieu pendant la montée des nationalismes et des impérialismes coloniaux durant le 19èmesiècle avec le projet génocidaire du nazisme comme forme ultime d'impérialisme européen.

 

 

Comme l'a noté Aimé Césaire, les juifs d’Europe auront ainsi massivement subi, selon des modalités exterminatrices particulièrement spécifiques (la chambre à gaz et, en s'appuyant sur Hannah Arendt, Ivan Segré rappelle d'ailleurs, contre une déclaration de Jacques Derrida, qu'elle a été historiquement expérimentée sur des malades mentaux allemands avant de l'être sur des déportés juifs), ce que les populations indigènes des pays colonisés ont diversement connu durant tout le 19èmesiècle et le début du 20èmesiècle, des Amérindiens aux Hereros en passant par les Pygmées et les Tasmaniens. Soit l’extermination raciale, entreprise et légitimée au nom d’une expansion supposée vitale de la population colonisatrice.

 

 

Le juif dans le miroir de la violence raciste européenne : l'analyse sartrienne

_ Les analyses produites par Jean-Paul Sartre dans son ouvrage Réflexion sur la question juive2 demeurent toujours aussi pertinentes, s’agissant tant de l’antisémitisme dont la variante nazie venait d’accomplir la mort systématique de plusieurs millions de juifs en Europe, que plus généralement du racisme, quel que soit le groupe visé par ce type de discours. Même si le privilège accordé à la seule figure centrale du juif racisé témoigne, indirectement ou inconsciemment, d’une hiérarchisation relative des victimes du racisme déterminée par le choc (récent par rapport à l’édition du livre en 1946) du judéocide. D’un autre côté, il n’est pas vraiment question du nazisme comme forme historique dans son livre. C’est qu’il s’agit pour le philosophe d’interroger un certain type de discours et de représentation du monde qui a précédé le nazisme comme il lui survivra. Comme le dit Jean-Paul Sartre, le racisme, qu’il soit antisémite ou autre, relève à la fois de la passion et de la conception métaphysique. C’est un discours collectif qui construit symboliquement l’objet de sa haine à destination d’une société appelée à se séparer du groupe minoritaire politiquement visé par un tel discours.

 

_ Les racistes (par exemple ici français) développent un discours cherchant la culpabilisation des racisés forcés d’admettre qu’ils seront toujours insuffisamment français. Et cette insuffisance (juridique, culturelle, naturelle, etc.) profite systématiquement aux dominants qui, au jeu du racisme, ne peuvent jamais perdre. Puisque c’est un discours produit collectivement, et dont la destination est l’ensemble de la société, nous avons bien affaire à un problème collectif dont héritent aussi les non-racisés. On retrouve là la pensée existentialiste alors défendue par Jean-Paul Sartre en raison de laquelle les situations objectives obligent dialectiquement à des prises de position témoignant de la liberté fondamentale des sujets. A charge pour les individus qui ne sont pas victimes du racisme de prendre position, sachant que ne pas prendre position signifie chez le philosophe laisser faire et agir passivement le discours raciste en ses plus terrifiantes conséquences. Le racisme est donc une vision mythique (le mythe sur lequel repose ce discours est la nation imaginée de la façon la plus homogène et pure qui soit) en ce qu'elle souhaite réaliser l’union fantasmatique des racistes (et plus généralement des nationaux auxquels ce discours s’adresse). Un autre discours, moins idéologique que politique, placé sous la condition non des particularismes identitaires et nationaux mais de l'universelle égalité, insistant à raison sur la détermination des rapports de classe et leur dépassement, devra en conséquence s’y opposer.

 

_ Existent pourtant des limites théoriques à l’analyse sartrienne de l’antisémitisme et elles sont de trois ordres. D’abord, le juif n’est ici considéré qu’à l’aune du regard dépréciatif que jette sur lui le discours antisémite. Il n’existe que comme figure négative, objet passif produit par l’antisémite, et ainsi se retrouve dépossédé de son identité culturelle, religieuse ou sécularisée, propre. Ensuite, l’analyse de Jean-Paul Sartre est privée de toute perspective historique. Cette déshistoricisation accomplit le tour généraliste – pour ne pas dire essentialiste – d’une vision selon laquelle le juif n’existerait que comme le produit imaginaire d’un antisémitisme lui-même privé de toute historicité (les analyses de Hannah Arendt, contemporaines de celles de Jean-Paul Sartre, seraient à cette aune autrement plus nécessaires et précieuses). Enfin, l’analyse de l’antisémitisme sépare complètement l’analyse de son versant nécessairement logique et complémentaire : l’invention du sémitisme, autrement dit de la catégorie (d’abord linguistique, puis raciale, et enfin culturelle) du sémite représentant l’Autre menaçant du chrétien, et au sein de laquelle auront longtemps voisiné ces peuples sémites que sont juifs et musulmans3.

 

_ Il faudra pourtant mentionner les ultimes entretiens menés en 1980 entre Jean-Paul Sartre et Benny Lévy, un ancien militant de la Gauche prolétarienne passé comme on l'a dit de « Mao à Moïse » après s'être converti au judaïsme et au talmudisme, pour apprécier comment le philosophe, se séparant d'une vision encore trop hégélienne de l'histoire après s'être probablement frotté entre-temps aux pensées de Walter Benjamin et Emmanuel Lévinas, reconsidère la question de la révolution à l'aune de l'histoire des Juifs et le messianisme caractérisant leur religion. L'une et l'autre représentant une autre manière de penser à nouveaux frais la nécessité de la révolution dès lors séparée de toute étatisation (les Juifs auront eu jusqu'en 1948 une longue histoire qui n'aura pas recoupé celle d'un État) et dont la promesse relèverait d'un messianisme entretenu davantage par le judaïsme que par un marxisme dont la philosophie de l'histoire resterait encore trop subordonnée à la vision hégélienne4.

 

 

2) On se souvient de la critique du socialiste allemand Auguste Bebel qui parlait déjà en son temps de ce « socialisme des imbéciles » dont aura parfois été victime la gauche, identifiant à tort la classe capitaliste au groupe des juifs, identification fallacieuse qui pourrait selon certains lectures ultérieures avoir reposé sur une mauvaise appréciation ou traduction de l’opuscule de Karl Marx intitulé Sur la question juive (1843)5. On n’a bien sûr pas oublié l’antisémitisme et le sexisme professés par le premier anarchiste déclaré comme tel : Proudhon6. Quelle différence alors entre l’antisémitisme (qui, à l’époque de l’exemplaire affaire Dreyfus, aura davantage imprégné les socialistes que les anarchistes7) et la « judéophobie » ? La « judéophobie », telle que l’essayiste et idéologue Pierre-André Taguieff8a voulu en consacrer la pertinence scientifique, est censée dépasser l’approche de l’antisémitisme classique au nom de la critique de la nouveauté caractérisant un regroupement plus large d’individus qui ne sont plus seulement antisémites mais également antisionistes. [Ouvrons une parenthèse et faisons remarquer ici l'intéressante et significative trajectoire de Pierre-André Taguieff, ce chercheur au CNRS et spécialiste de l’extrême-droite et du racisme à partir des années 1980 qui sera politiquement passé du gauchisme situationniste au républicanisme souverainiste (après avoir conseillé Jean-Pierre Chevènement, il conseille désormais le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France). Il a ainsi développé à partir de ses propres recherches académiques une critique des limites d’un certain antiracisme également proposée par le sociologue Michel Wieviorka, l’ayant entraîné au tournant des années 1990 à discréditer la gauche qui lutte aux côtés des racisés post-coloniaux en vertu supposée de son populisme démagogique et d’un antisémitisme qu’elle partagerait d'ailleurs avec ces derniers9].

 

 

Pour Pierre-André Taguieff, la haine du juif et la haine de l’État israélien étant ainsi identifiées et confondues, toute critique de la politique coloniale israélienne devient « judéophobe », et par extension, antisémite. Cette opération idéologique, en soutien directe ou implicite à la politique israélienne d'apartheid et d'occupation coloniale, en ce qu'elle vise à subsumer le réel meurtrier de l'antisémitisme sous une perspective visant à neutraliser toute critique adressée aux orientations politiques d'Israël, serait de manière structurale analogue à l’antisionisme défendu par ceux qui instrumentalisent la légitime cause de l'émancipation palestinienne au nom d’une étiquette antisioniste masquant un antisémitisme réel condamnable par la loi et n’osant pas s’avouer comme tel. Au point même où, aujourd'hui, une proposition de résolution adoptée par les parlementaires le mardi 3 décembre 2019 incrimine l'antisionisme comme une forme de l'antisémitisme, contestée par un appel signé par 127 intellectuels juifs du monde entier.

 

 

On l'aura compris, les instrumentalisations sont nombreuses (qui de l'antisémitisme au nom du colonialisme sioniste, qui de l'antisionisme au nom de l'antisémitisme), renforçant mimétiquement le confusionnisme ambiant10. Et c’est désormais un exercice de distinction terminologique auquel devront régulièrement se prêter tous les militants de l'égalité et de l'universel. L’antisionisme, quand il sert strictement à critiquer les politiques colonialistes menées par Israël en Palestine, ne saurait donc jamais être confondu avec l’antisémitisme qui ne renvoie à rien d’autre qu la haine séculière des juifs dont héritent ici certains partisans autoproclamés de l'émancipation palestinienne, aussi bien racisés qu'ils prouvent par défaut aussi leur intégration dans la société française et son histoire antisémite. Même si l'antisionisme en caution vertueuse de l'antisémitisme est un terme toujours plus obscurci et de moins en moins utile à l'émancipation.

 

 

3) Au-delà de Pierre-André Taguieff, il existe aujourd’hui tout un courant d'opinion médiatique, qualifié notamment de « philosémite » par le philosophe Ivan Segré11, au sein duquel on trouvera entre autres les essayistes et intellectuels surexposés Alain Finkielkraut et Bernard-Henri Lévy, les avocats Clément Weill-Raynal et Gilles-William Goldnadel, le psychanalyste Daniel Sibony, l’historien et journaliste Alexandre Adler, l'ancien directeur de Charlie hebdo Philippe Val, ainsi que les 300 signataires d'un « manifeste » paru dans la presse en avril 2018 comme une sorte de teaser pour la sortie d'un livre collectif consacré à ce sujet. Pour eux, l’antisémitisme actuel serait le produit majoritaire sinon exclusif des individus d’ascendance migratoire et coloniale (et particulièrement ceux dont les parents, de confession musulmane, sont nés dans les pays du Maghreb et d'Afrique subsaharienne). Cet antisémitisme recouperait évidemment l’alibi de l'antisionisme critique d’Israël propagé par une extrême-gauche dont le populisme l'autoriserait à rejoindre de fait mimétiquement l’extrême-droite12.

 

 

La recrudescence en France des actes antisémites depuis les attentats meurtriers du 11 septembre 2001 est censée empiriquement attester que ce « nouvel antisémitisme » ne relèverait plus de la vision fasciste ou d’extrême-droite classique, mais relève désormais d’une « judéophobie » incluant antisémites avoués, antisionistes qui camouflent tactiquement leur antisémitisme, antisionistes sincères qui s’en prennent moins à Israël qu’à sa politique coloniale, et racisés dont les parents sont d’origine maghrébine ou subsaharienne et qui adhèrent par identification fantasmatique à la cause palestinienne. Ce regroupement hétéroclite résulte dans les faits d'une construction discursive et idéologique qui cherche à faire doublement consensus. Quand il s'agit de promouvoir un discours victimaire censé assurer aux militants du communautarisme juif le pouvoir d'incarner d'entre tous les torts le plus légitime (l’antisémitisme dont la résultante effroyable et indiscutable, unique et incomparable, est le judéocide). Et quand il s'agit de neutraliser, en France mais pas seulement, toute critique de la politique coloniale israélienne.

 

 

Pourtant, la rhétorique réactionnaire de la « judéophobie » ne résiste pas longtemps à l’épreuve des faits13 : la recrudescence d’actes antisémites, si elle est bien réelle, n’est d’abord pas en soi isolable de la montée d’actes anti-arabes et anti-musulmans qui caractérisent la société française durant même période, les actes antisémites n'étant pas le fait strictement exclusif de personnes identifiées comme « arabes » ou « noires », « musulmanes » ou « islamistes ». Comme il est antisémite de croire que l’acte criminel d’un individu catégorisé comme « juif » vérifierait la mauvaise essence générique de son groupe d’appartenance supposée, il est tout aussi raciste de penser que l’acte agressif d’un individu identifié comme « arabe » ou « noir », « musulman » ou « islamiste » témoignerait d'une réflexologie culturelle relayée par la religion et supposément barbare ou arriérée à laquelle il se trouve derechef assigné.

 

 

En conséquence de quoi, et ce sur quoi il faut encore insister, contre les amalgames orientés et les hyperboles intéressées, concerne la rigoureuse fidélité à ces trois principes d'orientation :

 

 

1) la lutte contre l'antisémitisme est un combat de premier plan dès lors que sa spécificité ne l'empêche pas de s'articuler à égalité avec toutes les autres formes de racisme (de l'arabophobie à la négrophobie en passant par leur masque culturaliste et vertueux donné sous couvert de critique des conservatismes musulmans par le racisme antimusulman), en prévention des tendances sociales à la fragmentation victimaire, identitaire et communautaire favorisée par l'hégémonie néolibérale ;

 

 

2) l'antisionisme est un terme polysémique et contradictoire dans son histoire et ses usages, aujourd'hui obscurci quand il sert en effet de masque vertueux aux antisémites : c'est pourquoi il n'y a de un combat politiquement conséquent qu'articulé avec la critique générale et radicale de tous les nationalismes comme de tous les colonialismes, sans exception ni exclusive, particulièrement dans la visée de l'émancipation du peuple palestinien du joug de la colonisation israélienne et de l'émancipation du peuple israélien d'un État autoritaire, pour la constitution politique d'un état commun aux deux populations habitant la même région ;

 

 

3) la lutte contre toutes les formes de stigmatisation et de discrimination (qu'il s'agisse d'inégalités ethno-raciales, mais pas seulement) est autant indifférente aux différences religieuses ou culturelles (quand ces différences ne sont évidemment pas oppressives) qu'elle postule, en dépit de la tendance au devenir principal d'une contradiction secondaire médiatiquement surexposée, l'égalité dans l'abolition de l'ensemble des rapports sociaux de domination.

 

 

Notes :

 

 

1 Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme : L’Impérialisme, Le Système totalitaire, Sur l’antisémitisme, éd. Seuil, 2006, 2005, 1998 ; Olivier Le Cour Grandmaison, Coloniser. Exterminer. Sur la guerre et l’État colonial, éd. Fayard, 2005 ; La République impériale. Politique et racisme d’État, éd. Fayard, 2009 ; Enzo Traverso, La Violence nazie, une généalogie européenne, éd. La Fabrique, 2002 ; Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, opus cité.

 

2 Jean-Paul Sartre, Réflexions sur la question juive, éd. Gallimard – coll. Folio essais, 1954 [1946 pour la première édition].

 

3 Voisinage qui a cessé à partir du moment où le discours sioniste, produit du nationalisme et du colonialisme européens comme réponse politique aux pogroms, aura travaillé idéologiquement à distinguer le juif du musulman en occidentalisant la première figure et, corrélativement, en orientalisant la seconde. Les liaisons dangereuses entre (anti)sémitisme et orientalisme auront été pour la première fois pensées par Edward W. Said (L’Orientalisme. L’Orient créé par l’occident, éd. Seuil – coll. La Couleur des idées, 1997), puis plus densément analysées aujourd’hui par Joseph A. Massad (La Persistance de la question palestinienne, éd. La Fabrique, 2009).

 

4 L'Espoir maintenant : les entretiens de 1980, éd. Verdier, 2007. Pour une lecture pointue des divergences politiques entre Jean-Paul Sartre et Benny Lévy concernant l'articulation du judaïsme et de la révolution, on se reportera à Ivan Segré, Judaïsme et révolution, éd. La Fabrique, 2014 (en particulier au chapitre « Une histoire juive », pp. 181-201).

 

5 Lire la présentation et les commentaires de Daniel Bensaïd pour la nouvelle édition de Sur la question juive, éd. La Fabrique, 2006.

 

6 Daniel Guérin, Proudhon oui et non, éd. Gallimard, 1978.

 

7 Pour une meilleure compréhension du tournant que représentent, pour le camp libertaire, l’affaire Dreyfus et la nécessité politique de la lutte contre l’antisémitisme : Jean-Marc Izrine, Les Libertaires dans l’affaire Dreyfus, éd. Alternative Libertaire/Le Coquelicot, 2004.

 

8 Pierre-André Taguieff, La Nouvelle judéophobie, éd. Mille et une nuits, 2002.

 

9 Pierre-André Taguieff, La Force du préjugé. Essai sur le racisme et ses doubles, éd. Gallimard – coll. Tel, 1990 ; Michel Wieviorka, Le Racisme : une introduction, éd. La Découverte – coll. Poche, 1998.

 

10 Alain Badiou, Circonstances 3. Portées du mot « juif », éd. Lignes & Manifeste, 2005 ; Alain Badiou et Eric Hazan, L'Antisémitisme partout. Aujourd'hui en France, éd. La Fabrique, 2011.

 

11 Ivan Segré, La Réaction philosémite ou la trahison des clercs, éd. Lignes, 2009 ; Les Pingouins de l'universel. Antijudaïsme, antisémitisme, antisionisme, éd. Lignes, 2017. Lire aussi : Yitzhak Laor, Le Nouveau philosémitisme européen et le "camp de la paix" israélien, éd. La Fabrique, 2007.

 

12 Sur l’antisémitisme historiquement réel mais marginal de la gauche française, on lira : Michel Dreyfus, L’Antisémitisme à gauche. Histoire d’un paradoxe, éd. La Découverte, 2009. Sur la notion de populisme : Annie Collovald, Le « Populisme » du FN : un dangereux contresens, éd. Croquant, 2004. Sur l'antisémitisme persévérant de l'extrême-droite intégriste : Pierre Birnbaum, Sur un nouveau moment antisémite : « Jour de colère », éd. Fayard, 2015. Sur les confusions idéologiques entre antisionisme et antisémitisme : Dominique Vidal, Antisionisme = antisémitisme ? Réponse à Emmanuel Macron, éd. Libertalia, 2018.

 

13 Nonna Mayer, « Nouvelle judéophobie ou vieil antisémitisme ? » in Raisons politiques, 2004, 16, p. 91-103 ; Guillaume Weill-Raynal, Une haine imaginaire ? Une contre-enquête sur le "nouvel antisémitisme", éd. Armand Collin, 2005 ; Laurent Mucchielli, « Le ''retour de l'antisémitisme'' : discours rituel au dîner annuel du CRIF  », mars 2009 : http://www.laurent-mucchielli.org/public/Sur_le_retour_de_l__antisemitisme.pdf ; Emmanuel Todd, Qui est Charlie ? Sociologie d'une crise religieuse, éd. Seuil, 2015. Il faut ici impérativement rappeler que, parmi les victimes de Mohamed Merah, trois militaires d'origine maghrébine (dont l'un était musulman pratiquant) ont précédé les quatre victimes de l'école juive de Toulouse. Concernant les attentats terroristes commis par les frères Chérif et Saïd Kouachi, on compte parmi les douze victimes deux hommes d'origine algérienne dont l'un est enterré au cimetière musulman de Bobigny. S'agissant enfin de la tuerie commise dans la foulée par Ahmed Coulibaly dans un supermarché casher de Vincennes, l'action de Lassana Bathily, Malien de confession musulmane, aura probablement permis de sauver la vie à d'autres clients cachés dans le sous-sol du magasin.

 

 

25 septembre 2015 - 4 décembre 2019


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