Aux meilleurs amis

(Ô David Berman, Ô Daniel Johnston)


Les meilleurs amis sont parfois ceux que l'on ne connaît pas, mais dont pourtant on savait tout par chansons interposées. Ignoraient-ils, ces fidèles amis, ces Immortels dont la mort nous afflige, que leurs chansons sont moins adressées à tout le monde qu'à n'importe qui, qu'elles nous sont destinées comme les preuves les plus follement précieuses que nous n'avons pas vécu en vain ?

 

 

Les amis que l'on ne connaît pas sont indistinctement des anges (on s'abandonne à leur amour) et des démons (ils en savent plus sur nos tristesses que nous-mêmes), parce qu'ils sont des passeurs de cristaux de temps, ces diamants singuliers enfouis en nous et dont nous ignorions être les porteurs, les mineurs de fond.

 

 

Apprendre incidemment, comme ça, leur mort impossible – ô David Berman, ô Daniel Johnston – c'est mourir un peu avec eux. C'est revivre aussi à l'écoute des increvables chansons qui ont sauvé nos vies des plus grands périls de l'oubli quand il se confond en réécritures abusives.

 

 

Nous n'avons pas vécu en vain, c'est certain, des chansons gardiennes de nos mélodies les plus secrètes en attestent avec une fragilité consubstantielle.

 

 

On ne (se) le répétera alors jamais assez, les fœtus que nous étions doivent tout aux amis que nous n'avons pas connus, aux amis disparus qui, toujours déjà, auront été les fidèles revenant de nos existences – nos compagnons les plus intimes, ces jumeaux originaires, nos doubles placentaires.

 

 

« No I won't really want to die, I only want to die in your eyes »

 

 

« Queenie the doggy there's only you and me,

 Queenie the doggy will live eternity, Queenie the dog »

 

 

13 septembre 2019



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