Jean-Pierre Melville

"Le Cercle comme conversion à l'exception" in Jean-Pierre Melville : De solitude et de nuit (numéro 44, février 2009)

article sur Le Silence de la mer

 

Jean-Pierre Melville, première. C’est l’époque originelle où la clandestinité cinématographique prolonge celle de la Résistance. Melville, qui a lu à Londres la nouvelle de Jean Bruller dit Vercors dès sa diffusion secrète par les éditions de Minuit en 1942, doit attendre jusqu’en 1947 pour pouvoir en faire la matière de son premier long métrage. Le Silence de la mer conjugue ainsi bricolages wellesiens et inscription documentaire anticipant la Nouvelle Vague. C’est à cette occasion que Melville a rencontré Henri Decae, son chef opérateur attitré comme il le sera pour les débuts de Louis Malle et Claude Chabrol. Le film a été produit de la façon la plus économe (27 jours de tournage) et la plus libre qui soit, sans autorisation formelle de l’écrivain (bien que le film ait été tourné dans sa maison), ni celle du système syndical et assurantiel de production d’alors. Il a fallu, sur demande de Melville, un jury composé par Vercors de 24 résistants triés sur le volet pour voter en faveur de l’adaptation cinématographique d’un texte déjà considéré comme mythique. Il a fallu aussi l’intervention de Pierre Braunberger (producteur de Une partie de campagne de Jean Renoir, puis de Moi, un Noir de Jean Rouch et Vivre sa vie de Jean-Luc Godard, incarnant ainsi à l’instar de Melville un remarquable trait d’union dans le cinéma français entre classicisme et modernité), pour que rayonne et résonne en avril 1949 Le Silence de la mer, non plus seulement comme livre mais désormais comme film. Lors de la séquence pré-générique, Melville montre que, autant qu’une liasse de tracts ou une arme cachée dans une valise, le récit de Vercors vaut comme acte de résistance. Et c’est dans la résistance comme « cercle », dont le caractère d’exception a préalablement nécessité une conversion, que s’origine tout le cinéma de Melville...

 

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