La tristesse implosive-explosive de l’époque est tellement toxique, réductrice, destructrice, que nous préférons penser qu’en images, en sons, en célébrations immédiates de toutes sortes. Images
non produites, non consommables, non capitalisantes, images organiques qui nous grandissent collectivement, et nous donnent du courage.
Donner des nouvelles c’est faire des films.
Donc voici.
Le scénario d’un film à venir :
Hier j’ai rêvé que je me promenais dans New York. L’endroit, délabré, n’était pas habité par des blancs. Devant moi sur le trottoir se dressait un serpent doré et,
quand je traversais la rue ou plutôt la jungle de métal brûlant qui était la rue sur l’autre trottoir un autre serpent. Il était un bleu lumineux. Je le savais dans mon rêve : le serpent doré
c’est l’Asie, le serpent bleu c’est l’Afrique. A mon réveil je l’avais oublié. Nous sommes trois mondes. Comment se fait-il que je le sache maintenant. Et j’entendis une voix dire : ET VOILÀ
QU’IL SE FIT UN GRAND TREMBLEMENT DE TERRE L’ANGE DU SEIGNEUR DESCENDIT DU CIEL ET VINT ROULER LA PIERRE SUR LAQUELLE IL S’ASSIT IL AVAIT L’ASPECT DE L’ÉCLAIR ET SA ROBE ÉTAIT BLANCHE COMME
NEIGE.
- Heiner Müller, La Mission, souvenir d'une révolution
Des baisers à vous.
NKEP
En ajoutant cette photographie prise à Séville.