Navets d'exploitation qui refoulent du goulot et étoiles mortes d'auteurs fossiles, bidules hors radar et curiosités atypiques, grumeaux infréquentables et coups de bol improbables : Les reflux du flux imaginent les aventures erratiques du regard cinéphile jeté dans la nébuleuse du streaming où le « tout est possible » est surtout celui du pire.
Sur les écrans des nuits électroniques glissent ainsi des visibilités qui peinent à êtres des images, et des images qui souffrent davantage de n'être pas des plans. À quel regard sont-elles destinées ? Quelle est l'adresse de tels films dont on suppose qu'ils ont été produits sans producteur et, s'épargnant souvent le coût de la distribution, sont diffusés pour des consommateurs qui sont eux-mêmes les restes épars du public des salles ?
On croit pourtant qu'il y a face à des images si anémiées un spectateur un rien sadomaso qui, à leur épreuve, peut encore sauver la peau de son regard.
À l'ère du spectaculaire domestique, les fantômes du permanent de naguère sont devenus des spectres à la petite semaine, les feux follets d'une industrie de l'audiovisuel qui prolifère paradoxalement sur l'extension même du champ de sa décomposition. Spectralisation du cinéma. Les ectoplasmes, tantôt qui clignotent, tantôt qui clapotent, émettent un rayonnement faible et leurs intermittences, qui émeuvent parfois en ressemblant à des signaux de détresse, rappellent qu'il n'y a pas si longtemps que cela il y eut du cinéma. Au miroir des écrans plats, la pharmacie de la vidéo à la demande fourgue sa came à des insomniaques qui croient encore au messie cinéma.
Les reflux du flux tentent ainsi de raconter quelque chose de l'idéologie qui persévère en dépit de l'horizon terminal du post-politique, et quelque chose du cinéma qui insiste en s'apparentant à Dieu qui est mort mais ne le sait pas.
7 avril 2021
(Ping Lumpraploeng, Olivier Abbou, Atom Egoyan, 3 Luc Moullet, Zack Snyder)
(2 William Friedkin, Alexandre Aja, Denis Villeneuve, 6 Claude Chabrol, Zack Snyder)
(4 séries Marvel, 2 Joachim Lafosse, 10 Claude Chabrol et André s. Labarthe)
(Hardcore de Paul Schrader, Gerry de Gus Van Sant, The Innocents d'Eskil Vogt, 3 Werner Herzog)