Pour conclure cette newsletter, nous vous proposons comme à l'accoutumée notre 33ème sélection musicale. Les compositions marquées du coin de l'enfance de Camille Saint Saëns s'acoquinent avec les bégaiements pop et folk d'Oscar Isaac et Justin Timberlake, tandis que la reprise piano-techno d'un hit de Nirvana par Aufgang se voit drôlement appareillée avec le traditionnel Tsintskaro du géorgien Hamlet Gonashvili comme avec l'univers de fantasy de William Sheller.
Nous tenions aussi à vous informer également de la parution d'une recension parue dans le Monde Diplomatique du mois d'août écrit par Mehdi Benallal de notre ouvrage paru à L'Harmattan et intitulé Jean-Luc Godard dans la relève des archives du mal.
Avec cette 35ème newsletter des Nouvelles du front cinématographique (site, facebook et blog), nous voudrions que la reprise s'entende comme un recommencement : que la rentrée soit chaude en serait l'image, préférable à toute
canicule.
Notre newsetter mensuel vous propose aujourd'hui de souffler rien moins que les 36 chandelles des Nouvelles du front cinématographique (site, facebook et blog). 36 est un bon chiffre, il rappelle que la démocratie partout se discute en se gagnant pas à pas, au travail et chez soi, dans la rue et aussi dans les salles de cinéma.
Pour clore cette 36ème newsletter, notre indispensable "sélection musicale" fera entendre la parole hantée par la révolution de Jean-Pierre Léaud et celle de Vic Chestnutt désolée par le cauchemar floridien climatisé, tandis que les larmes versées avec style par Roy Orbison sauront se prolonger dans les vapeurs éthyliques des Tindersticks, pour finir asséchées sur la rocaille folk roulée par les vieux chevaux de Will Oldham qui ne veulent pas mourir dans les abattoirs du travail subordonné.
Pour nous, novembre est toujours le Mois du Film Documentaire, manifestation nationale promouvant le cinéma
documentaire dans les équipements culturels participant à l’événement. Nous vous communiquerons très bientôt les prochains rendez-vous liés à notre programmation autour de quelques
grands films algériens contemporains. C’est aussi le moment de vous faire part du contenu de notre 37ème newsletter (site, facebook et blog).
Pour notre rubrique des "Nouvelles du front cinématographique", l’expression
« jamais deux sans trois » n’aura jamais été aussi juste car, après avoir consacré déjà deux textes à la merveilleuse troisième saison
de Twin
Peaks de David Lynch et
Mark Frost (L’éternel retour est un gramophone grésillant et Un Idiot à Twin
Peaks), il nous aura paru
évident d'y revenir une nouvelle fois au moment de la diffusion des ultimes épisodes
: Retour à Twin Peaks - tours, détours insistera à montrer que cette troisième saison est d'ores et déjà l'événement cinéma de l'année.
Notre rubrique "Autres
texte de cinéma" fera la part belle à l'actualité des films inégalement préoccupés par deux types de figures, des
militants et quelques « Grands Hommes », les premiers généralement si peu et souvent si mal interrogés, les seconds si souvent convoqués mais souvent
aussi dans la pire des facilités. D’un côté, nous avons rassemblé deux beaux films qui témoignent des formes d'une subjectivité militante déliée des impasses du renoncement, plus forte que la
mort : 120 battements par
minutes de Robin
Campillo et Une vie
violente de Thierry de
Peretti. De l'autre, trois films aussi différents que décevants, Barbara de Matthieu
Amalric, Le
Redoutable de Michel
Hazanavicius et Le Jeune Karl
Marx de Raoul Peck,
voudraient tutoyer la figure humaine trop humaine du génie consacré en sacrifiant pourtant aux clichés du "grand homme" (derrière qui se cache une femme, qui peut l'être plus rarement aussi), à
valoriser respectueusement ou à déboulonner par ressentiment, toujours figé cependant dans une inactualité jamais synonyme d'intempestivité.
Pour ce qui concerne "La séquence du spectateur", elle sera
consacrée à deux séquences exemplaires de Il était une fois
dans l’ouest de Sergio Leone qui, sous ses aspects monumentaux, réservent aux excès parodiques du maniérisme les secrets d'une matière impure malaxée par qui aura voulu rendre avec
les mauvaises manières du prolétaire métèque aux mythes qui l'auront tant fait rêver.
Les "chinoiseries du moment" se déclinent pour leur part dans le couple en
miroir des plus belles
paroles d’amour du cinéma : les retrouvailles longuement différées de Vienna et Johnny dans le film Johnny
Guitar de Nicholas Ray s’opposent à l'amor omnia nimbant les adieux de Gertrud à son vieil ami dans l'ultime
chef-d'œuvre de Carl T. Dreyer.
Pour clore cette 37ème newsletter, notre indispensable "sélection
musicale", entièrement inspirée par le cinéma, commencera déjà par saluer par deux fois le duo formé par Ennio Morricone et Sergio Leone, avec le thème de la horde sauvage combattue par un Henry Fonda
vieillissant dans Mon nom est personne et le thème à
l'harmonica de Il était une fois
dans l’ouest poussé jusqu'à l'abstraction bruitiste par John Zorn. Charles Ives sera aussi de la partie
avec The Unsanswered Question, une composition pile entre harmonie classique et dissonances modernes dont la
mélancolie profonde imprègne plus d'un film aimé, tourné par Johan Van Der Keuken, Terrence Malick, Arnaud Desplechin et Pablo
Larrain. Cette playlist nous permettra encore de refaire un tour du côté de Twin Peaks de David Lynch avec The Voice of Love d'Angelo Badalamenti jusqu'au
grand Crash de David Cronenberg et les montages
électriques de Howard Shore.
Décembre c'est demain et ce sera alors le temps de se dire que Des Nouvelles du Front Cinématographique (site, facebook et blog) aura déjà trois ans. Trois années d'exercices critiques ininterrompus courant sur presque 500 textes, au travail des fronts cinématographique, social et du reste. Trois années riches grâce à vous, dans la sensibilité dont témoignent vos adresses, dans les retours amicaux que vous nous faites et dont les rencontres nouées à diverses occasions. Trois années qui, comme dans la nouvelle éponyme d'Anton Tchekhov, obligent en dépit de la tristesse du temps à devoir continuer.
Notre 38ème newsletter glisse ainsi à l'occasion de notre petit anniversaire un bouquet d'infinis remerciements.
Notre rubrique des "Nouvelles du front cinématographique" se concentrera sur un film longtemps méconnu de Jean-Luc Godard, un téléfilm diffusé une seule et unique fois par TF1 en mai 1986 : Grandeur et décadence d'un petit commerce de cinéma, c'est l'histoire éminemment godardienne d'une commande deux fois trahie (l'anthologie "Série noire" de Pierre Grimblat d'après la collection de Marcel Duhamel pour Gallimard). Pour prendre acte de la trahison des pouvoirs publics livrant la première chaîne de télévision à l'avidité des intérêts privés (TF1 sera privatisé en avril 1987). Et pour relever, d'un Jean-Pierre (Léaud) l'autre (Mocky), ce qui reste de cinéma à l'époque de son exécution en règle télévisuel (la série noire est en particulier ici celle des producteurs français tombés au champ d'honneur). Le thrène, brechtien et culotté (ah, la séquence-fleuve des chômeurs récitant à la chaîne des fragments d'une citation de Faulkner), pourra être légitimement considéré comme l'un des prolégomènes aux Histoire(s) du cinéma.
Notre rubrique "Autres texte de cinéma" voudrait une nouvelle fois insister sur ces jeunes cinéastes qui, dans un pays qui s'appelle l'Algérie, travaillent avec des sensibilités différentes à y inscrire leur désir de cinéma. Deux films, une fiction qui fait l'actualité, En attendant les hirondelles de Karim Moussaoui, et un documentaire au sujet duquel on a encore envie de revenir et qui fait toujours preuve d'un grand sens du contemporain, Bla cinima de Lamine Ammar-Khodja, témoignent de ce qui se joue, pour eux et nous, là-bas, du monde et du cinéma. Tandis que le premier film est un road-movie en trois épisodes comme autant de croisées des chemins ou de carrefours des destins reflétant pour son auteur ses propres choix cornéliens, le second film élit une place populaire comme lieu choisi pour y déployer des figures et des paroles repeuplant en puissance l'abîme avéré.
"La séquence du spectateur" sera dédiée à un cinéaste dont le centenaire de la naissance a été célébré en octobre dernier : Jean-Pierre Melville. Des morceaux choisis dans sa dernière période, Le Samouraï, L'Armée des ombres, Le Cercle rouge et surtout Un flic scanderont le dédoublement du trouble dans le genre que son œuvre, aussi épurée qu'elle est peuplée de doubles mimétiques, aura déplié : trouble dans la reprise maniériste confinant à l'abstraction des conventions du genre criminel ou policier, trouble dans le virilisme caractérisant notamment le milieu et repérable dans toute une série d'opérations ou de figures poussant l'ambiguïté melvillienne dans d'étonnantes transgressions des rapports de sexe ou de genre.
Après l'évocation précédente des plus beaux mots d'amour, les "chinoiseries du moment" se décident à accueillir parmi les plus mémorables intensités érotiques dont le cinéma aura été capable. Les élections sont toujours subjectives, qui retiennent ici la moite et intranquille séparation des amants de L'Atalante (1934) de Jean Vigo et, autre configuration de la séparation au principe des émois du corps, la visitation caressante d'un souffle de lumière dans Bright Star (2009) de Jane Campion.
En conclusion de notre 38ème newsletter, notre "sélection musicale" sera à la fois planante et lyrique, planante avec Tarek Louati, Edouard Artemiev et Jóhann Jóhannsson, lyrique avec le folk cabossé de Bonnie "Prince" Billy et le post-rock obsessionnel et nervuré de Féroces.
PS : et puis, toujours disponible, Jean-Luc Godard dans la relève des archives du mal chez L'Harmattan.
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=53114
2017, crépusculaire, en a presque fini ! S'amorce
l'aurore de 2018 ! L'année aura été moche politiquement, inégale cinématographiquement (encore qu'il y eut d'extraordinaires surprises télévisuelles comme on en rendra compte le mois prochain
lors de notre bilan 2017) et, comme nous sommes sur le seuil d'une nouvelle année, nous l'espérons pour vous riche en promesses de beauté, de justice et
d'égalité (site, facebook et blog).
Tout d'abord, notre habituelle rubrique des "Nouvelles du front cinématographique" rend grâce aux Rencontres du Film
Documentaire de Redeyef. Une fois de plus (c'est leur 4ème édition et nous leur espérons d'aussi beaux jours devant eux), nous tenons à remercier nos ami-e-s pour leur invitation à voir des
films en leur compagnie. Que ce soit des films récents comme Atlal de Djamel Kerkar ou des films plus anciens comme La Bataille du Chili du cinéaste Patricio Guzman ou Vidéogrammes d'une
Révolution de Harun Farocki et Andrei Ujica, qu'il aura été bon d'expérimenter la projection commune de quelques images de la lutte des peuples à l'endroit (le bassin minier de Gafsa) qui fut
le chaudron ouvrier de la révolution tunisienne de 2011.
Notre rubrique "Autres texte de cinéma" fait la part belle à un beau court-métrage, Les
Profondeurs de Youssef Chebbi qui plonge la figure légendaire du vampire dans une fiction moderne. Henri Langlois
disait en effet : Dracula est partout. Et puis il disait aussi : Dracula n'appartient plus à la littérature mais à l'univers tout entier. Le film de Youssef Chebbi prouve que la Tunisie n'y
échappe pas.
Dans cette même rubrique, nous avons aussi voulu
proposer une recension du nouveau livre de Jean Narboni intitulé Samuel Fuller : Un
homme à fables. C'est bien plus qu'un simple jeu de mot. Le witz torpille nos somnolences cinéphiles en nous rappelant à
l'essentiel : à la différence de bon nombre de réalisateurs actuels, Samuel Fuller est un cinéaste qui, décédé en octobre 1997 à l'âge de 85 ans (c'était il y a vingt ans, vingt ans déjà, c'est au fond si
peu), demeure exactement notre contemporain.
Jamais deux sans trois : nous vous proposons
toujours dans cette rubrique, un autre film récent sorti cette année, le prometteur Les Bienheureux de Sofia Djama.
La jeune comédienne Lyna Khoudri a remporté le prix de la meilleure actrice dans la section
Orrizonti à Venise pour le rôle de Feriel, un nom d'elfe digne de
l'univers de Tokien.
Depuis trois ans Noël s'habille dans les habits
impérieux de Star Wars. Nous reprenons notre exercice de "ping-porg", autrement dit notre champ-contrechamp à propos des deux derniers volets sortis respectivement
l'an dernier (Rogue One : A Star
Wars Story de Gareth Edwards) et cette année (Star Wars : The Last Jedi de Rian Johnson), pachydermes lourdement en
retrait par rapport au bel effort de J. J. Abrams dans la relance de la saga aux œufs d'or.
Pour
notre "sélection musicale, la voix de Antonio Variacoes surgit d'outre-tombe
depuis L'Ornithologue de João Pedro Rodrigues (qui était en
deuxième position de nos films de 2016), tandis que celle de Mick
Jagger accompagne la fureur des héros scorsesiens tandis que le thème de Dirty Harry par Lalo Schifrin fait fondre dans nos oreilles une humeur groovy. Il faudra aussi compter sur les
expérimentations de John Frusciante, ancien membre des Red Hot Chili Peppers, ainsi que sur la reprise par Patti Smith du "Pastime Paradise" de Stevie Wonder.
Pour conclure, nous vous donnons des nouvelles de nos différentes publications : tout d'abord nous tenons à remercier Christian Ruby pour sa recension du livre Jean-Luc Godard dans la relève des archives du mal sur le site nonfiction et signaler également la parution du dernier numéro de la
revue Éclipses consacrée à M. Night Shyamalan qui compte notre contribution sur le partenariat entre le
réalisateur et Jason Blum.
Ça y est, 2018 s'est imposé au calendrier, à nous alors d'en faire un événement calendaire accordé au postulat égalitaire. On en
profitera déjà pour vous souhaiter en ces derniers jours de janvier une heureuse année, avec beaucoup de bonnes nouvelles du front cinématographique et des autres (site, facebook et blog).
a) Notre rubrique "Autres texte de cinéma" est une moisson dévolue à
trois cinéastes et deux séries télévisées :
Trois courts-métrages d'Amin
Sidi-Boumédiène où il sera posé que travailler, peaufiner et raffiner les rythmes drone
ambient du bourdon algérien consiste à extraire d'une inquiétude circonstanciée un bourdonnement
essentiel offert à la voix maternelle de la nation algérienne dont l'amour fusionnel se vit aussi comme une blessure.
Dans le
noir de Sergueï Dvortsevoï où il sera dit qu'un fil qui passe et qu'à deux déroulent un vieux
Russe et son chat afin d'en faire des nœuds aura glissé au chas des plans d'un film dont les tramages appellent des tressages jusqu'aux plus sublimes accrocs.
Fais soin de toi
de Mohamed Lakhdar Tati où il sera question de la carte du Tendre de la précieuse Madeleine Scudéry et de "Comizi d'amore" de Pier
Paolo Pasolini, de parataxe du côté de Jacques Rancière et de pharmacologie du côté de Bernard Stiegler, sans oublier la voix de baryton d'un bourdon cher à Rosa Luxemburg en
prison.
Twin Peaks et The Leftovers où il sera
déclaré que vienne la vieillesse et qu'au plus loin elle nous emporte.
b) La rubrique "Des nouvelles du front social et du reste"
accueillera également la recension d'un ouvrage ainsi que le compte-rendu d'une pièce de théâtre :
Le spectateur est celui qu'il faut défendre, constamment disputé qu'il est, incessamment soupçonné de nombreux maux dont celui, coupable, d'une passivité irrécupérable. C'est pourquoi il faut au
contraire défendre sa capacité à s'émanciper. En lisant par exemple le nouvel ouvrage de Christian Ruby, Devenir spectateur ?, qui s'inscrit dans une réflexion ouverte depuis plusieurs années et offerte à un spectateur
affirmatif, pensé comme un sujet dissensuel dans la construction de son champ différentiel et la généalogie de ses archipels.
On a bien aimé aussi dans From
the Ground to the Cloud, la nouvelle mise en scène théâtrale d'Olivier
Coulon-Jablonka à partir d'une enquête documentaire d'Eve Gollac consacrée à la naissance du big
data, que le plaisir du jeu soit toujours aussi communicatif. Y compris jusqu'à assumer de
frayer en collages et glissements, citations et courts-circuits dans les parages ambivalents d'une implication par la connivence rieuse, cependant toujours compliquée par la distance sérieuse de
l'analyse didactique.
c) Comme chaque année, nous vous proposons également notre résumé ciné de l'année écoulée. Dix titres à
retenir pour 2017, mais avant toute chose deux séries en leur troisième saison à la fois respective et conclusive, The Leftovers et Twin
Peaks. Pour les vieux fourneaux qu'un jour nous
serons, que déjà nous sommes, la morale de 2017 s'impose ainsi en somme : vieillesse, en avant !
d) Pour notre "sélection musicale", la playlist du mois se sera dédoublée en raison de tristes circonstances :
1) c'est une première série où "Love At First Sight" de The Gist côtoie "Craklin' Water" par OP8 et Lisa Germano tout en faisant signe vers "N.I.T.A." de Young Marble Giant, tandis que
l'innocence du "Petit clown" du Roi et l'oiseau de Paul Grimault se voit bousculée par les
riffs libidineux de "It's So Easy" de Willy DeVille.
2) et puis c'est une seconde dédiée à Mark E. Smith de The Fall, génie atrabilaire de Manchester dont la verve crachée en jets d'acide par une voix souverainement à côté de la plaque n'aura
jamais cédé un poil sur la ligne de front de la lutte des classes.
La guerre contre l'intelligence est loin d'être finie, la colère aussi.