La Bourse du Travail, ce n'est pas seulement la maison des travailleur-se-s, c'est un lieu de vie.
Et s'attaquer à un lieu de vie comme une Bourse du travail tout autant qu'à des associations culturelles, c'est s'attaquer à la vie
elle-même, autrement dit à toutes les personnes de bonne volonté soucieuses de rendre la vie, notre vie, meilleure, plus sensible et plus solidaire, plus intelligente et plus égalitaire : en un
mot, émancipée.
L'arrêt brutal des subventions, les changements subreptices de serrures et l'expulsion policière des syndicalistes ne signifient pas autre
chose que ceci : habituez-vous, pauvres gens, ce que le monde devienne chaque jour un peu plus immonde.
On ne s'y habituera jamais, qu'on se le dise et le fasse savoir.
La culture serait partout nous assure-t-on à grand renfort publicitaire, mais comment le croire quand on s'acharne à en détruire les lieux
caractéristiques ? Les formes de culture actuellement promues dans un grand nombre de collectivités locales, c'est nettement le management par le stress qui pousse au désespoir, c'est clairement
la police qui met à la rue les défenseur-se-s de nos droits sociaux, c'est évidemment la démagogie qui refuse aux acteurs et actrices culturel-le-s de rendre universelles les œuvres les plus
exigeantes de l'esprit.
Le dialogue social serait demandé sur claquement de doigts des décideurs politiques locaux, mais comment croire en une vision très
particulière du dialogue qui se traduit autoritairement par la mise au placard des uns et la mise au chômage des autres ? Tous ceux et celles qui restent devraient-ils dès lors être convaincu-e-s
qu'il faille se taire et se coucher en courbant sans broncher l'échine ?
Si le pire aujourd'hui est désormais sûr, rien ne serait aussi incertain que notre impuissance pour autant qu'il ne tient qu'à nous de
démentir la passivité sur laquelle nos maîtres rêvent de gager nos vies ?
Et ce rêve est un cauchemar, la terreur étant aussi une culture qui défend partout une certaine manière de dialoguer : en sens unique,
celui du poil d'un pouvoir mal brossé qui n'est jamais aussi craintif que lorsque ses sujets disposent encore de cette puissance qui, primordialement, consiste d'ores et déjà à lui dire
non.
On ne dialogue pas avec la terreur, on la remet à sa place : dans les poubelles de l'histoire.
Nous avons suffisamment de puissance, collectivement, pour dire non aux départs forcés et aux refus arbitraires de stagiarisation et de
titularisation, aux réaménagements brutaux de service comme à la rogne amorcée avec les fêtes de fin d'année de notre protocole concernant le temps de travail.
Et dire non à l'état d'exception devenue aujourd'hui la règle, c'est dire oui à l'exception que nous représentons, nous qui, agents
titulaires et contractuel-le-s, syndiqué-e-s ou non, luttons pour le service public et l'amélioration de nos conditions de travail, l'émancipation des agents comme celle des usagers et
administré-e-s auxquels nous nous adressons quotidiennement.
C'est une culture, autrement plus méritante, que celle consistant à croire et défendre le bien commun et la vie bonne, la dignité au
travail et le respect de nos existences. Et cette culture-là, assurément, est partout : à nous de le prouver, ici et maintenant, par le rassemblement et par la grève.
Le 30 mars 2015
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