Un chantier révolutionnaire : l’autogestion territoriale
Le double mouvement de décentralisation et de déconcentration des pouvoirs impulsé sous Mitterrand entre 1982 et 1984, certes, aura favorisé une transformation de l’appareil jacobin qui déterminait jusqu’ici le fonctionnement de la république. Mais, pour autant, cette délégation de pouvoir n’a pas vraiment fait reculer le pouvoir sous sa forme étatique. Quelle est la réponse du modèle autogestionnaire et fédéraliste promu par le courant communiste libertaire ?
« Le pouvoir des travailleurs s’exercera à partir des deux lieux essentiels de leur existence : le lieu de travail et le lieu d’habitat » (1). L’autogestion se pratiquera tout à la
fois dans le champ des rapports de production que dans le domaine territorial. A l’échelle locale, c’est la commune libre, gérée dans le cadre d’assemblées d’habitants par immeuble ou rue avec
son conseil, ensuite d’assemblées par quartier également avec son conseil, et d’un congrès communal dans lequel siégeraient des délégués des quartiers et entreprises de la commune libre. C’est la
commune libre qui déciderait démocratiquement des plans de rénovation et de réhabilitation urbaine par exemple.
A l’échelon supérieur, on pourrait imaginer une fédération de régions autonomes avec un congrès central permanent nommant et surveillant son conseil central propre (la révocabilité et
l’impérativité des mandats, ainsi que le non-cumul des mandats favoriseront la non-concentration des pouvoirs et la participation du plus grand nombre dans les affaires de la cité). Au niveau
international, on pourrait imaginer en conséquence une fédération internationale des régions autonomes, afin de rompre avec le cadre national traditionnel, et dont les attributions seraient
limitées (en priorité, les questions de défense et de rapports avec l’extérieur, comme de péréquation et de solidarité entre les différentes régions composant la fédération autogestionnaire). Le
chantier de l’utopie autogestionnaire fédérale et territoriale est immense, et vaut bien davantage que l’étatisation socialement destructrice voulue par Sarkozy et les lamentations de
l’opposition parlementaire en faveur du statu quo.
(1) Un projet de société communiste libertaire, éd. d’Alternative Libertaire, 2002, pp. 93 et suivantes.
20 mars 2010
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