_ Le citoyen étasunien moyen consacre à sa voiture près de 1.500 heures par an :
. Soit 30 heures par semaine, ou encore 4 heures par jour.
Ce temps comprend les heures passées au volant, mais aussi l’entretien du véhicule (incluant joyeusement péage,
garage, lavage, assurance, contravention…)
_ Ce même citoyen, promu en tant que type humain idéal mondialement irrésistible par l’idéologie capitaliste et productiviste, doit, pour faire 10.000 km., « dépenser » 1.500 heures
:
. Ce qui signifie que 6 km. lui demande une heure.
_ L’habitant de pays dits « sous-développés », posé en face du citoyen étasunien comme le type non-idéal voué mondialement et irrésistiblement à disparaître selon la même idéologie productiviste
et capitaliste, doit pour se déplacer d’un point à un autre séparés par 6 km. marcher pendant une heure.
. Avec, comme avantages non-négligeables, le fait de pouvoir se balader où
il veut sans avoir à subir la destruction asphaltée du milieu naturel, les affres cancérologiques de la pollution au monoxyde de carbone, et l’augmentation continuelle du prix du pétrole pour
laquelle quelques guerres en Irak auront été ces derniers temps justifiées.
_ L’équation est donc la suivante :
. 6 km / heure sont effectués tant par le citoyen étasunien motorisé que par le citoyen sous-développé véhiculé par ses pieds !
_ Dans ces mêmes pays toujours dits « sous-développés », les déplacements exigent seulement 5 % du temps social :
. Soit 4 heures par semaine.
_ Ces 4 heures / semaine de l’habitant des marges pauvres de la « mondialisation heureuse » (dixit le phare néolibéral Alain Minc), mises en rapport avec les 4
heures / jour du citoyen de la pointe de l’opulent Occident, nous amènent à la terrible conclusion suivante :
. L’homme à pied archaïque couvre autant de kilomètres en une heure que l’homme moderne motorisé.
. Sauf que le premier y consacre 7 fois moins de temps que le second !
_ La moralité de cette histoire édifiante est la suivante :
. Les individus travaillent une partie de la journée de travail pour pouvoir se payer les déplacements au travail, induits par des logiques urbaines conçues en faveur de l’extension capitaliste
du domaine de la bagnole, et au détriment écologique du vélo et des transports collectifs.
N’est-ce pas le cinéaste Luc Moullet qui, inspiré par son maître Alfred Jarry, écrivait :
« Le vélo, c’est la civilisation, quand la voiture, c'est la barbarie » ?
10 mars 2010
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