Un type uniformisé d’alimentation s’est imposé dans tous les pays industrialisés, et se caractérise par une agriculture productiviste et intensive utilisant de grandes quantités d’intrants (engrais, herbicides, pesticides), une industrie agroalimentaire proposant des aliments prêts à la consommation et contenant des additifs chimiques, une offre diversifiée indépendante des logiques saisonnières et des inscriptions territoriales, et enfin des cultures et des habitudes alimentaires modifiées en profondeur.
Ce qui occasionne trois constats : d’abord une inversion du rapport végétal/animal avec une forte diminution de la consommation de céréales et de légumes et une explosion de celle de viande et de produits laitiers ; ensuite une augmentation des consommations de matières grasses et de sucres ; enfin le raffinage de nombreux produits (céréales, huiles, sucres) qui les prive d’une bonne partie de leurs constituants utiles (vitamines, minéraux, fibres).
Ce modèle productiviste et consumériste n’est tout simplement pas généralisable à l’ensemble de la planète : les surfaces cultivables sont insuffisantes (il faut en moyenne 3 à 4 fois plus de surface pour produire la même quantité de protéines sous forme animale que sous forme végétale : par exemple 200 m² de surface sont nécessaires pour produire de la viande bovine, mais seulement 20m² pour cultiver des légumineux), la consommation d’énergie est très élevée et le coût en capital est exorbitant. De plus, cette alimentation à tout point de vue riche (mais d’une richesse contradictoire) contribue à l’augmentation de maladies tels le cancer, le diabète, l’obésité et les maladies cardio-vasculaires, et du nombre de suralimentés (un demi-milliard aujourd’hui).
Si l’on considère cet indicateur scientifique qu’est l’empreinte écologique (promu par le WWF – « World Wide Fund for Nature ») reflétant le degré d’utilisation des ressources naturelles par le genre humain à des fins de production et de consommation matérielles, nous sommes passés de l’utilisation de 70 % de la surface du globe en 1970 à plus de 120 % à l’orée des années 2000 ! Plus symptomatique encore, si le monde entier vivait au même niveau de production et de consommation que la France, il faudrait 3 planètes pour le permettre (et il en faudrait 5 pour que toute l’humanité puisse vivre la vie d’un Américain moyen) ! Notre modèle industriel agricole occidental n’est tout simplement pas exportable parce qu’il est insoutenable écologiquement.
Le modèle alimentaire de demain devra être socialement juste et viable (pour les producteurs comme pour les consommateurs), écologiquement soutenable (car il tiendra compte des problèmes de pollution et de limitation des ressources terrestres), sanitaire (car il essaiera de définir les normes d’une bonne santé alimentaire pour tous), et riche culturellement (car il respectera les différences culturelles en terme alimentaire au lieu d’uniformiser et standardiser les modes de consommation). Ce modèle s’appuiera sur une agriculture biologique comme sur de nouvelles modalités de consommation induisant la baisse de la consommation de viande, le refus d’importer des produits hors saison par avions-cargos entiers, et la relocalisation de nombreuses productions agricoles (qui aujourd’hui, parce que la chaîne agroalimentaire est spatialement éclatée et mondialisée, obligent à user du fret autoroutier qui est l’une des premières causes de la production des gaz à effet de serre crevant la couche d’ozone).
04 janvier 2011
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