Une promesse UMP pour les élections présidentielles consiste donc en la baisse par l’Etat de 10 milliards d’euros sur 5 ans les dotations aux collectivités territoriales. L’annonce à la presse s’est faite jeudi 15 décembre 2011. Le projet budgétaire UMP pour 2012 inclut donc la baisse de 2 milliards d'euros par an en dotation pour les collectivités locales. Ce qui représente 10 milliards sur l'ensemble du quinquennat jusqu’en 2017.
Comment s’effectuera la compensation ? Le ministre de l’agriculture Bruno Le Maire, en charge de l’élaboration de ce beau projet, avance le caractère équitable de celui-ci en insistant notamment sur des réductions de dépenses concernant la protection sociale ». Equité : le terrible mot qui voudrait se substituer à celui d’égalité est lâché : « c’est un principe d’équité. Les collectivités locales ont, depuis plusieurs années, augmenté leurs dépenses de fonctionnement et n’ont pas fait les mêmes efforts que l’Etat en matière de réduction de leurs dépenses. Ca ne peut pas être toujours les mêmes qui font les efforts, les collectivités doivent contribuer autant que l’Etat ». Outre le caractère éminent politique de cette histoire, puisque la majorité des collectivités territoriales est gouvernée par la gauche, on retrouve l’argument ressassé de la hausse des dépenses de fonctionnement, alors même que cette hausse se traduit à la fois par plus d’emplois publics et plus de services publics locaux.
En fait, c’est comme si le gouvernement se plaignait qu’il y avait trop de boulot dans ce pays, trop de liens sociaux assurés par trop de services publics. Voilà le projet de « décivilisation » promue par l’UMP pour 2012. L’autre aspect de cette sordide histoire de gros sous, c’est bien évidemment la question de la dette publique, puisque le deuxième plan d’austérité annoncé cet automne veut mettre à contribution les collectivités locales à hauteur de 200 millions d’euros. Le gel des dotations pourtant prévues dans le cadre des deux lois de décentralisation afin d’assurer l’autonomie des collectivités territoriales ne signifie pas autre chose que l’abandon du coût exorbitant de la dette de l’Etat sur le dos des collectivités qui, malgré les heurts et malheurs dus à la banque Dexia, s’en sortent financièrement plutôt mieux. Ce qui bien sûr entraînera des destructions d’emplois publics et la réduction de services publics qui bénéficient surtout aux personnes et aux familles les moins aisées.
Nouvelle occasion de comprendre la nature des solutions face aux pièges qui asphyxient les classes populaires : d’une part, l’autonomie des collectivités territoriales ou locales ne s’effectuera jamais dans le cadre étatique des deux lois de décentralisation mais dans une logique politique fédérale évitant la concentration verticale des pouvoirs et leur centralisation sous la forme de l’Etat ; d’autre part, la dette publique ne peut pas se dire souveraine puisqu’elle engage l’exclusion antidémocratique des populations du champ politique des décisions politiques et économiques, et c’est bien pourquoi il faut en demander l’annulation pure et simple.
27 décembre 2011
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