Agnès Varda

"Les extra-vagabondages" in Agnès Varda : Le Bonheur cinéma (numéro 66, juin 2020)

Introduction du recueil

 

Le premier aura donc été la première. Avec La Pointe-Courte (1955), Agnès VARDA réalise le premier film ouvrant dans le cinéma français de « qualité » la brèche de la modernité, anticipant de quelques années la Nouvelle Vague. Les dissonances de la fiction et du documentaire, l’inspiration littéraire de William Faulkner et la musique atonale de Pierre Barbaud, le hiatus sociologique entre bourgeois (Silvia Monfort et Philippe Noiret) et pêcheurs de Sète (les « Pointus »), la rencontre avec un monteur du nom d’Alain Resnais, tout cela fait date. Comme l’économie d’un tournage en amateur reposant sur une petite coopérative montée en dehors des clous du corporatisme. Récipiendaire du Prix de l’Âge d’or à Bruxelles qui lui convient d’autant plus que cette sétoise d’adoption est née à Ixelles le 30 mai 1928, son film reçoit également les éloges d’André Bazin tandis que Jean de Baroncelli du Monde y entend « le premier son de cloche d’un immense carillon ».

Âgée de 27 ans seulement, la photographe du Festival d’Avignon et du Théâtre National Populaire de Jean Vilar s’impose comme une authentique cinéaste, pionnière et éclaireuse du nouveau cinéma. Avec son goût des formes et sa propension à la fantaisie autant qu’à l’expérimentation, Agnès Varda incarne une jeunesse contemporaine de l’ébullition artistique caractérisant l’époque, entre combinepaintings de Robert Rauschenberg et recherches du Nouveau Roman. Son œuvre est libre et hétérogène, curieuse et vagabonde, nomade et transversale. Forte d’une cinquantaine de titres tout format, support ou genre confondus, Agnès Varda n’a en effet jamais cessé de traverser toutes les frontières (entre photographie et cinéma comme entre fiction et documentaire) jusqu’à déployer à partir du début des années 2000 son geste dans le champ de l’art contemporain, témoignant ainsi d’une passion jamais démentie pour l’impureté, les grands écarts et les pas de côté…

 

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"Avec Agnès Varda, il y avait une liberté incroyable" in Agnès Varda : Le Bonheur cinéma (numéro 66, juin 2020)

Entretien avec Nurith Aviv, chef-opératrice sur Daguerréotypes, Plaisir d’amour en Iran, L’Une chante, l’autre pas, Documenteur, 7p., cuis., s. de b.,... à saisir, Jane B. par Agnès V.

 

Nurith Aviv construit depuis plus de trente ans une œuvre singulière, rigoureuse et inclassable, hantée par la question des langues, et Yiddish en constitue la nouvelle étape, sorti en mars 2020 à l'arrachée du confinement. Avant cela, elle a été la directrice de la photographie de plusieurs réalisateurs, René Allio et René Féret, Jacques Doillon et Jean-Marie Teno, Ruth Beckermann et Eyal Sivan, Bertrand Van Effenterre et Amos Gitaï. En 1975, elle fait la rencontre décisive d'Agnès VARDA qui l'invite à faire l'image de Daguerréotypes. Le CNC reconnaît cette année-là que Nurith Aviv est la première femme à exercer en France le métier de chef opérateur. Nurith Aviv a travaillé sur six films avec Agnès Varda, jusqu'à Jane B. par Agnès V. (1988). Nous la remercions d'avoir pris le temps de répondre à nos questions et de relire cet entretien…

 

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"La Texture du réel" in Agnès Varda : Le Bonheur cinéma (numéro 66, juin 2020)

Conversation avec Agnès Varda lors du Festival International de Films de Femmes de Créteil, avril 1998

 

Il était prévu que la soirée de clôture de la 42ème édition du Festival international de films de femmes de Créteil et du Val-de-Marne (AFIFF) soit dédiée à Agnès VARDA, compagnonne de route et amie du festival disparue l'année passée. Outre un concert de l'orchestre jazz de la RATP, le Cool Train Orchestra, reprenant les chansons que la cinéaste avait écrite pour Cléo de 5 à 7 et L’Une chante, l'autre pas, devait également avoir lieu la projection au cinéma Les Sept Parnassiens d'une leçon de cinéma enregistrée à la Maison des Arts de Créteil en avril 1998. Le confinement en a malheureusement décidé autrement mais ce n'est que partie remise, Jackie Buet nous le promet.

En attendant, la directrice du festival qui l'a cofondé en 1979 avec Élisabeth Tréhard nous fait la grâce – qu'elle en soit ici vivement remerciée, ainsi que Géraldine Cance pour le raccord – de nous accorder en exclusivité les morceaux choisis d'une leçon de cinéma qu'Agnès Varda préférait décrire ainsi : « Ce que le Festival de Créteil annonce comme "une leçon de cinéma" n'est qu'une conférence à bâtons rompus sur le métier que nous pratiquons, sur l'éventuelle inspiration qui nous guide. Je ne me rappelle pas très bien ce que j'ai dit ce jour-là, en monologuant devant les cinéphiles. On m'a renvoyé un relevé de mes propos pour relecture. J'ai un peu adapté... Je me suis auto-adapté. Dois-je m'en excuser ? »…

 

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"Abécédaire à l'envers" in Agnès Varda : Le Bonheur cinéma (numéro 66, juin 2020)

Approche transversale

 

Ouvrir avec un abécédaire va de soi mais finir avec est une pirouette cacahuète que l’on l’imagine fidèle à l’esprit fantaisiste d’Agnès VARDA. Un abécédaire ouvre classiquement l’ouvrage Varda par Agnès, aussi Les Glaneurs et la Glaneuse avec la lettre G comme glanage. Sur un axe, l’ordre alphabétique est un hommage aux supports visuels de nos apprentissages enfantins. Sur un autre, l’esprit vagabonde, arrive à sauter du coq à l’âne, musarde entre adresses amicales, souvenirs chaleureux et notations cocasses. L’enfance au carré n’est pas un regard nostalgique sur les premières années mais un désir de jeu et d’utopie renouvelé. Une pochette-surprise remplie de listes à la Prévert. Et si l’abécédaire commençait à l’envers ? Albert Jacquard en a donné le modèle hétérodoxe avec son Abécédaire de l’ambiguïté en le qualifiant joliment de « zyxaire ». L’abécédaire à l’envers, avec ses entrées pas si arbitraires, voudrait traverser le miroir d’une œuvre achevée par la mort de son autrice et rendre grâce aux puissances natives qui lui garantissent la plus belle des jeunesses, le plus beau des avenirs…

 

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