Bong Joon-ho

"Un rire monstre" in Bong Joon-ho : Des chimères et des hommes (numéro 68, juin 2021)

Approche transversale

 

Si le monstre se montre à l’excès chez Bong Joon-ho, il ne doit pas offusquer le monstrueux qui ne se réduit pas à sa figure, aussi privilégiée soit-elle : monstrueux des forçages qui bousculent l’ordre des situations ; monstrueux des élans poussant les formes jusqu’à la déformation ; monstrueux surgissant dans les gestes et les corps, vrillant la surface des visages, giclant entre les personnages et les images. Si le monstre occupe le centre de l’écran, le monstrueux s’épanouit dans l’écume des intervalles et personne n’échapperait à ses éclaboussures.

Les monstres sont aisément repérables dans son cinéma : sur un versant tératologique avec l’hybride agressif de The Host (2006) et son double gentil dans Okja (2017) ; dans un registre criminologique avec le tueur en série de Memories of Murders (2003) et la mère dévorante de Mother (2009) ; sur un plan sociologique avec le carnaval féroce des rapports de classes de Barking Dogs Never Bite (2000), Snowpiercer, Le Transperceneige (2013) et Parasite (2019).

Les films de Bong Joon-ho jouent à merveille du monstrueux en ne se suffisant pas de la seule horreur du monstre. Ses films de monstre sont des comédies qui savent renouer avec l’énergie primitive du carnavalesque et du burlesque ; ce sont aussi des tragi-comédies rappelant au monde que ses déchets, parias, idiots, enfants, nous font rire parce qu’ils sont plus émouvants. Un rire monstre pour tenir face à l’immonde quand le monde est réel jusqu’au monstrueux...

 

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