Invasion Of The Body Snatchers de Don Siegel, Dawn Of The Dead de George A. Romero, The Thing de John Carpenter, Letters From Iwo Jima de Clint Eastwood,
Alexandra de Alexandre Sokourov, Zelig de Woody Allen, Notre Musique de Jean-Luc Godart et Sicilia de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub
Quant au second moment, il s'essaiera à trouver dans l'art du cinéma les occurrences les plus représentatives (précisément, les plus expressives du point de vue subjectif propre à notre trajectoire cinéphilique) de la mise à l'épreuve sensible et expressive, fichée au cœur même de l'image cinématographique, du champ de force que l'égalité et la différence produisent quand elles sont envisagées dans le même mouvement analytique.
Django Unchained de Quentin Tarantino
En 2007, le cinéaste japonais Takashi Miike réalise un long-métrage intitulé Sukiyaki Western Django envisagé comme le remake version manga pop de Django, ce western italien réalisé en 1966 par Sergio Corbucci avec Franco Nero dans le rôle principal. Le personnage de Ringo dans le film de Takashi Miike était alors interprété par Quentin Tarantino lui-même, prouvant qu’il n'avait toujours pas cédé sur le plaisir du jeu (il faut l'entendre dans le film de Takashi Miike mimer en anglais l'accent japonais !). Et ce malgré toutes les critiques reçues concernant sa manière de jouer la comédie. Dans la plupart de ses propres films (y compris son tout premier essai inachevé intitulé My Best Friend's Birthday en 1987 dans lequel il tenait le rôle principal).
Go go tales et 4h44 d'Abel Ferrara
Si qualifier Abel Ferrara de cinéaste décalé relève du cliché dénué du moindre intérêt, il est plus juste de dire que la sortie le 8 février 2012 de Go Go Tales expose un réel décalage (le film, tourné en 2006, a été montré à Cannes en 2007, pour ne sortir que cinq ans plus tard) valant comme une « discordance des temps » (pour reprendre le titre de l'ouvrage de Daniel Bensaïd inspiré de la pensée d'Ernst Bloch : cf. La Discordance des temps. Essais sur les crises, les classes, l'histoire, éd. de la Passion, 1995). Un décalage dissonant des temps (de la production et de la réalisation, de la projection en festival et de la diffusion en salles) qui exprime l'écart symptomatique séparant et éloignant aujourd'hui son auteur de la possibilité même d'être identifié au tout-venant de l'actualité cinématographique.
La fille de nulle part de Jean-Claude Brisseau
Un film de pure folie osant superbement (la superbe est ici l’autre nom du courage) inscrire dans une économie ultra-réduite de production (digne des tournages les plus légers d’Eric Rohmer dont on rappelle que la société fondée par Barbet Schroeder pour distribuer ses films, Les Films du Losange, a également distribué les premiers films de Jean-Claude Brisseau) des séquences de fantastique et d’épouvante inspirées de la série The Exorcist. La Fille de nulle part est bel et bien un film de nulle part dans le cinéma français, sinon de l’imagination créatrice de l’un de ses plus singuliers auteurs atteignant ici un zénith artistique qui laisse le spectateur pantelant comme rarement.
Amour de Haneke
Le onzième long-métrage du cinéaste autrichien concentre comme rarement sur lui les signes les plus forts de distinction, de consécration et de légitimité culturelles. Soit une Palme d'or (la seconde survenant – fait rarissime – dans la foulée de celle remise pour le film précédent du cinéaste, Le Ruban blanc, en 2009) à laquelle on ajoutera le Grand Prix de la fédération internationale de la presse cinématographique FIPRESCI. Soit également un casting prestigieux (Isabelle Huppert pour la troisième fois chez Michael Haneke, surtout Emmanuelle Riva et davantage encore Jean-Louis Trintignant qui n'avait pas travaillé pour le cinéma depuis dix ans).
La Folie Almayeur de Chantal Akerman et Tabou de Miguel Gomes
2012 aura-t-elle été une grande année murnalcienne ? Ouverte avec La Folie Almayer de Chantal Akerman, un film littéralement possédé par le spectre de Tabou de Friedrich Wilhelm Murnau, cette année s'est terminée avec le troisième long-métrage du cinéaste portugais dont le titre (mais pas que le titre) évoque irrésistiblement l’ultime film du cinéaste allemand, mort à 42 ans d’un chute en voiture du haut d’une falaise californienne une semaine avant la première newyorkaise de son dernier film prévue le 18 mars 1931.
Contagion, Haywire, Magic Mike et Side Effects de Steven Soderbergh
Incontestablement réalisateur, et pas l'un des plus mauvais apparus durant les trente dernières années aux États-Unis, Steven Soderbergh est-il pourtant un cinéaste au sens fort du terme ? La question, légitime, mérite d'être posée alors que l'auteur de Sex, Lies And Videotape (1989), Palme d'or reçu pour son premier long-métrage alors qu'il n'avait que 29 ans (il reste le plus jeune réalisateur palmé après Louis Malle), a officiellement annoncé que Behind The Candelabra produit pour la télévision (la chaîne HBO qui avait produit Elephant de Gus van Sant, Palme d'or 2003) et sélectionné en compétition de la nouvelle édition du Festival de Cannes sera son ultime réalisation.