Autres texte de cinéma de 91 à 100

 

Il est bon de savoir tenir une promesse, pour mémoire (promettre disait Nietzsche dans sa Généalogie de la morale équivaut à se souvenir en effet). Laura Palmer l'avait dit à Dale Cooper à l'occasion du dernier épisode de la seconde saison de Twin Peaks, dans la chambre rouge de l'autre monde (que l'on réduit trop souvent à la « Loge noire » quand bien même nous oblige à plus de prudence son fameux sol indécidable trouvé chez l'Orphée de Jean Cocteau, blanc zébré de noir ou bien noir zébré de blanc, autant « Loge blanche » striée de noir que « Loge noire » électrisée de blanc) : « nous nous reverrons dans 25 ans ».

 

 

On le sait, au moins depuis Michel Foucault : le visible et l'énonçable résultent des rapports entretenus entre le savoir et le pouvoir. La réalité en tant qu'elle se dit et se montre ainsi relève encore de ce que Jacques Rancière appellerait pour sa part un partage du sensible dont la configuration dominante appartient alors au consensus partagé entre des énoncés idéologiques et les visibilités médiatiques.

 

 

Josef von Sternberg avait naguère proposé une belle métaphore, aussi simple que décisive, pour décrire le travail du metteur en scène, parlant de celui-ci comme d'un agent de la circulation. L'un des plus grands cinéastes de notre temps, Abbas Kiarostami, aura d'ailleurs travaillé un temps comme agent de la circulation.

 

 

D’où lui venait cette propension au multiple ? A quelle source s’origine cette passion de l’identité fragmentée et dédoublée, du soi démultiplié jusqu’à l’absurde en extrayant des divisons d’une pente schizoïde toute une série de partitions au principe d’une créativité comique et d’une construction cinématographique inégalées ?

 

 

Dans le premier tome de ses Mythologiques intitulé Le Cru et le cuit (éd. Plon, 1964), Claude Lévi-Strauss entreprend la comparaison structurale de quelques mythes amérindiens et bororo (et le premier d'entre eux, celui du « dénicheur d'oiseaux ») afin de montrer comment, les uns valant comme la transformation des autres et les seconds comme les doubles des premiers, un système de signes cohérents pouvait s'en dégager.

 

 

Atlal / The Last of Us : pourquoi ces deux films, les premiers longs-métrages respectifs de l’algérien Djamel Kerkar et du tunisien Ala Eddine Slim qui sortiront début 2018, sont-ils d’ores et déjà les meilleurs films de 2017 ?

 

 

La jeunesse des quartiers populaires, particulièrement celle d'ascendance migratoire et coloniale, vit la relégation sociale jusque dans les plis des sujets qui la composent. La relégation est un rapport de pouvoir, physique autant que psychique. Pour cette jeunesse, la ségrégation territoriale consiste aussi à ce que l'assignation à résidence dans des espaces faiblement dotés et équipés se double d'une identification aux opinions relayant les préjugés de race et de classe.

 

 

Une fois n'est pas coutume, nous seront venus de la dernière édition en date du Festival de Cannes deux films travaillés par le souci commun de la figure militante ressaisie dans les écarts conjonctifs et disjonctifs de l'action politique. Le militant est une figure souvent trahie à force d'être caricaturée, notamment au cinéma.

 

 

Il y a, attachées à des personnes consacrées dans l'espace public comme personnalités, des parcelles de mythe qu'il semblerait bon à certains réalisateurs de vouloir au mieux fructifier, au pire exploiter. Les films qui comptent sont pourtant ceux qui, déliés des obligations ramassées sous les impératifs catégoriques du film biographique (ou du biopic comme on dit en globish), voient dans la figure historique autre chose qu'un hommage gratifiant offert à une icône culturelle.

 

 

Le perspectivisme n'est pas un relativisme, on le sait philosophiquement au moins depuis Leibniz et Nietzsche. Il ne s'agit pas de soumettre la vérité dans sa prétendue invariabilité à l'épreuve d'une relativisation forcée par la multiplication dispersive des perspectives, mais de la considérer à l'angle des variétés par lesquelles elle trouve à s'exprimer dans la suture singulière du particulier et de l’universel.