Gravity d'Alfonso Cuaron et Snowpiercer – Le Transperceneige de Bong Joon-ho
Suite et fin du propos sur la science fiction au cinéma.
« L’image viendra au temps de la résurrection » : la formule godardienne, l'une des plus emblématiques des Histoire(s) du cinéma (1988-1998), pourrait aider à répondre à autant de questions qu'elle posséderait également le pouvoir de dédoubler les réponses obtenues par autant de questions nouvelles. Pourquoi déjà adopter le terme de formule, sinon que le latin « formula » sous-entend ici l'idée godardienne du cinématographe comme « forme qui pense » ? « (…) et qu'avec Édouard Manet / commence / la peinture moderne / c’est-à-dire / le cinématographe / c'est-à-dire / des formes qui cheminent / vers la parole / très exactement / une forme qui pense / que le cinéma soit d'abord fait / pour penser / on l'oubliera tout de suite / mais c’est une autre histoire / la flamme s'éteindra / définitivement / à Auschwitz / et cette pensée vaut bien / un fifrelin (…) » énonce Jean-Luc Godard dans l'épisode 3A des Histoire(s) du cinéma intitulé « La monnaie de l'absolu » (in Histoire(s) du cinéma, éd. Gallimard-Gaumont, 1998, t. III, p. 54-56).
Ramrod - Femme en feu et Day of the Outlaw - La Chevauchée des bannis de André De Toth
De son vrai nom hongrois Sàsvrài Farkasfawi Tothfalusi Toth Endre Antai Mihaly, surnommé Bandi (ou Tex par Gary Cooper, seul ce dernier savait pourquoi), le méconnu André De Toth semblerait d'autant plus correspondre à l'image du contrebandier hollywoodien définie par Martin Scorsese dans son documentaire coréalisé avec Michael Henry Wilson et intitulé A Personal Journey with Martin Scorsese through American Movies (1995) qu'il a souvent mis en scène dans ses nombreuses série B des agents doubles ou secrets prétendant rouler pour un camp alors qu'ils roulent en réalité pour un autre. Le contrebandier demeure une métaphore idéale pour les cinéphiles y reconnaissant ainsi le multi-positionnement de réalisateurs qui, bien que contraints professionnellement à jouer le jeu de l'industrie, savaient aussi profiter de ce cadre déterminé afin d'y glisser de manière déterminante leurs propres préoccupations artistiques (le film tourné contractuellement pour les studios pouvant alors se retourner comme un gant pour valoir aussi dans le même temps comme œuvre personnelle).
Light Horizon de Randa Maddah, Condom Lead de Tarzan et Arab Nasser, Zakaria de Leyla Bouzid, A Walk in the Grey Sun de Mona Lotfy, Une journée en 59 de Nadim Tabet, Peau de colle de Kaouther Ben Hania, Baghdad Messi de Sahim Omar Kalifa, Hystoria de Youssef Jaber, Les Jours d'avant de Karim Moussaoui, Brûleurs de Farid Bentoumi, Révolution Zendj de Tariq Teguia, Abouna – Notre père, Daratt – saison sèche, Kalala, Expectations, Un homme qui crie et Grigris de Mahamat-Saleh Haroun
Initiées pour leur toute première édition l'année dernière, sous l'impulsion de l'Aflam (une association marseillaise créée en 2000 afin de mettre en valeur par l'image et le cinéma les cultures arabes) et dans le cadre de Marseille Provence 2013, les Rencontres internationales des cinémas arabes ont été bienheureusement rééditées du 8 au 13 avril derniers, consolidant ainsi un travail de longue haleine consistant à valoriser et faire rayonner les cinématographies des pays de langue et de culture arabe. Structurées à partir d'un certain nombre de dispositifs-relais (Aflam au lycée, Pour un dialogue citoyen autour du cinéma, mais aussi les séances mensuelles des Écrans d'Aflam) incluant la participation de publics de diverses structures sociales souvent éloignés de ces cinémas (collèges, lycées, centres sociaux), ces Rencontres ont à nouveau bénéficié du soutien logistique apporté par les grandes institutions dépendantes notamment du conseil régional, du Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (le MuCEM, un musée national transféré à la capitale de la région et situé à l'entrée du port) à la Villa Méditerranée en passant par la Maison de la Région. Sans compter sur le soutien de l'équipe des bénévoles qui, étymologiquement, ont mis leur bonne volonté à assurer la réussite de cette deuxième (plutôt que seconde, sûr que d'autres suivront) édition.
Histoire de ma mort d'Albert Serra, Dracula – 3D (2012) de Dario Argento, The Hunger – Les Prédateurs de Tony Scott, Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch, Dark Shadows de Tim Burton et Antiviral de Brandon Cronenberg
« Symbole de l'intrusion de la mort et de l'au-delà par des voies sournoises et brutales dans un univers qui les exclut, le vampire représente l'inquiétude qui naît d'une rupture de l'ordre, d'une fissure, d'un décalage, d'une contradiction » : voilà ramassée dans des lignes inspirées par Roger Caillois l'image du vampire proposée par Claude Lecouteux dans l'introduction à son Histoire des Vampires (sous-titré Autopsie d'un mythe, éd. Imago, 2009, p. 11). Avant d'être consacré dans le domaine littéraire par le docteur John William Polidori (1795-1821) dont The Vampyre (1819) fut inspiré par Lord Byron, puis par les écrivains irlandais ou d'origine irlandaise John Sheridan Le Fanu (1814-1873) et enfin Bram Stoker (1847-1912) auteur du fameux Dracula (1897), le vampire consisterait, à l'époque classique de la montée du discours rationaliste, en une survivance symptomatique des cultures populaires principalement localisées en Europe centrale, orientale et méridionale de l'ère médiévale (au moins depuis le 11ème siècle).