Le remariage est une comédie nécessaire à faire coïncider l'amour et l'institution qui voudrait le consacrer. Le remariage est non seulement une comédie, c'est un remake qui fait passer le mariage du stade formel au stade réel en célébrant les noces de Kierkegaard et de Hegel.
Our Hospitality – Les Lois de l’hospitalité témoigne dans l’œuvre de Buster Keaton d’un temps où la famille représentait l’hospitalité, avant que l’hostilité ne prenne le relais. Ce temps de l’innocence est aussi celui d’une croyance pleine et entière dans les vertus progressistes de la modernité et lui répond le génie comique d’un artiste reconnaissant dans cette histoire archétypale une allégorie de la triomphale modernisation étasunienne.
Rewind And Play c’est trois films en un et l’intérêt tient à ce qu’ils ne cessent jamais de se chamailler. Le documentaire d’Alain Gomis dédié à Thelonious Monk, préparatoire à une fiction qui lui sera bientôt consacrée, relève du remontage qui est toujours démontage, un coup pour un dynamitage salutaire, un autre organisant un sauvetage qui n’est pas moins nécessaire. Le portrait d’un artiste qui résiste à une captation télévisuelle doublée d’une capture culturelle s’y double d’une analyse après coup portant sur l’ambivalence native des images, qui montrent toujours plus et moins que ce que leurs auteurs voudraient bien leur faire dire, parfois même en se retournant contre eux.
Ashkal est un film de feu, Ashkal est un poème de cendre. Il n'y a cendre que parce qu'il y a eu le feu et il n'y a feu que parce l'appelle la cendre. Le feu est promesse et la cendre est ce qu'il en reste. Tunis brûle-t-il ou bien est-elle une « terre de cendres et de larmes » ?
Duvidha – Le Dilemme et Nazar – Le Regard : la parole est aux hiéroglyphes qui parlent la langue muette des choses secrètes. Si la langue du désir a ses cryptogrammes, c’est qu’elle est une crypte, un mausolée abandonné et son souffle de résonner entre ses ruines à tout jamais. L'entendre n'est possible qu'en lisant ce qui s'écrit et qui ne se dit pas, qui est un secret envolé dans une tempête de sable, étouffé dans un puits ou chiffonné dans les draps d'un lit défait.
D'abord la lancinance et se poser la question de sa pertinence. Ondes Martenot et vibrations de Cristal Baschet conjuguent en effet leurs voix de sirènes pour attraper le secret qui se terre dans le creux de l'oreille. Le secret qui s'y love, on va le voir, est un polichinelle caché dans un placard.
Noir et Blanc est un exercice de massage fascinant. La chair des corps que la peau est censée opposer est ce que malaxe en douceur le premier film de Claire Devers pour atteindre à l'os de leur énigme. Le désir est l'indice intempestif qu'il y a du trouble dans la race. Le rapport du positif et du négatif a parfois la nébulosité du secret.
Cesare Pavese, Jean-Marie Straub, Danièle Huillet : leurs conversations ont duré en traversant le temps, deux longs et quatre courts couvrant plus de trois décennies. Le mythos, c'est l'enfance oubliée du logos et la relecture des mythes est un effort de remémoration des traces qui tapissent le sédiment des nos vies. La raison est oublieuse de son enfance et son ressouvenir est la poétique même, les dieux avec les bêtes, les dieux enfuis et ce qu'il en reste, l'expérience décisive des seuils, la liberté qui est une responsabilité essentielle. Le mythe a résisté à sa destruction par le logos. Il a survécu.
Un tour de magie, c'est comme une pièce de théâtre classique : il y faut trois actes. Le premier acte est celui de la promesse, qui est le temps de l'attente et du désir allant avec. Le deuxième acte est celui du tour, qui déplie de l'ordinaire les ailes de l'extraordinaire. Le troisième acte est celui du prestige. Le tour est accompli, on a marché en rêvant d'en percer le secret.
Dans le calendrier romain, les ides qualifient la division de certains mois par le milieu. Au milieu du mois tombent des divisions qui peuvent avoir le tranchant du couteau qui verse le sang, évidemment Jules César assassiné par Brutus lors des ides de mars de l’an 44 av. J.-C.