Asako I & II examine l’inépuisable, l’interminable question du faux-raccord entre le désir et l’amour. Pourquoi écrire le faux-raccord avec un tiret ? C’est que le raccord est moins faux par lui-même qu’il appelle à substituer à la série des enchaînements conventionnels celle des ré-enchaînements inhabituels à partir d’un écart recoupant présentement le hiatus de l’amour et du désir.
Un petit chemin de campagne menant sur des hauteurs ensoleillées. Deux hommes s’y rencontrent par la jonction linguistique d’un patois méditerranéen si peu entendu dans le cinéma français, le royasque. Ce mélange dialectal entre l’occitan et le ligure est encore parlé dans la vallée alpine de la Roya, ce fleuve côtier qui relie le col de Tende dans le département des Alpes-Maritimes et la cité ligurienne de Vintimille en Italie.
La découverte de Akher Wahed Fina – The Last of Us aura toujours été déjà précédée d'une belle rumeur, légende prometteuse, dont la bulle avait commencé à enfler depuis sa présentation à la Mostra de Venise en 2016.
Une journée livide sous le ciel de givre et de plomb d’une cité industrielle de Mongolie intérieure. Plusieurs trajectoires s’y croisent dans le fil de longs travellings-avant déroulé comme autant de marches menant au peloton d’exécution. Et ces blocs de mouvement-durée composent le tableau à la fois clinique et labyrinthique, délavé, d’une décomposition sociale généralisée.
On ne dira pas que Joachim Lafosse n'a pas de la suite dans les idées : déjà les longs-métrages Folie privée (2004) et Nue propriété (2006) examinent diverses tensions familiales à partir d'un changement affectant l'équilibre dans les rapports de propriété, tandis que le court-métrage Tribu (2001) et d'autres longs-métrages comme Élève libre (2008), A perdre la raison (2012), Les Chevaliers blancs (2015) et le tout récent Continuer (2018) soumettent le jeu des bonnes intentions morales ou des bons sentiments amoureux et parentaux à l'épreuve matérielle et psychologique de relations de dépendance et de rapports dissymétriques.
La situation n’est pas inconnue : une salle de classe studieuse, le silence général requis par un devoir sur table, des élèves sous le contrôle sourcilleux d’une surveillante, une antisèche. C’est une feuille pliée en accordéon, sortie d’on ne sait quelle poche, tombée d’on ne sait quel trou.
Casabianda est une prison ouverte située en Haute-Corse, instituée en 1948. Ouverte, c'est-à-dire qu'elle est sans barreaux aux fenêtres, ni murs d'enceinte, ni grillages barbelés. Couvrant plus de 1.500 hectares de terres cultivables, bordée d'un côté par la Méditerranée et de l'autre par la forêt, l'institution carcérale qui est la seule de ce type en France à la différence des sociétés nordiques peut accueillir jusqu'à 190 détenus arrivant au bout de leur peine, sélectionnés sur dossier administratif, et pour 80 % d'entre eux condamnés au titre d'« infracteurs pour abus sexuel intrafamilial » pour reprendre les termes exacts du code pénal.
« Traînées de feu, effervescence où nous fûmes emportés et où nous ne cessâmes d’être ensemble, mais d’une manière nouvelle » : ce sont les mots de Dionys Mascolo pour décrire les journées et surtout les nuits passées en la vive compagnie des ami-e-s, Marguerite Duras, Robert Antelme, Maurice Blanchot, dans l’amitié intensément renouvelée par la participation à un événement politique consistant en la réinvention intégrale de la vie, en l’avènement révolutionnaire de la vraie vie dont Mai 68 demeure l’universelle nomination autant que la persistante énigme (« Pour l’amitié » in À la recherche d’un communisme de pensée. Entêtements, éd. Fourbis, 1993, p. 14).
Il y a quasiment un an, Jacques Kebadian et Jean-Louis Comolli ont publié ensemble un petit livre, Les Fantômes de Mai 68 (éd. Yellow Now-coll. « Les carnets », 2018). En à peine 80 pages, des images revenues d’entre les limbes disent dans l’écho du silence des mots qui en soulignent le caractère jamais vu ce qu’il en est du temps quand, dans les éclats de sa discordance, il abrite des revenants s’imposant imprévisiblement à bousculer notre présent.
Avec Amal, Mohamed Siam persévère dans trois directions comme autant d'obsessions qui innervent son film précédent, Whose Country ? – Force majeure (2015) : l'obsession d'une figure paternelle absente, le rapport à la police en ce qu'il pèse sur la question de la filiation, le portrait d'un personnage construit dans la durée.