Si le pessimisme culturel (Kulturpessimismus) a marqué un courant de la pensée allemande entre 1890 et 1933 en faisant entendre une tonalité (Stimmung) anti-moderne intrinsèque à l'expansion du capitalisme, ce discours identifié à des personnalités intellectuelles aussi réactionnaires que Paul de Lagarde, Julius Langbehn et Moeller van den Bruck n'est pas seulement réductible à leurs pénibles antiennes nationalistes et antisémites.
Entre le Mexique et les États-Unis, la frontière brûle depuis longtemps et sa généalogie remonte à loin dans l'histoire conflictuelle entre les deux États, au moins à la guerre américano-mexicaine de 1848 et l'annexion étasunienne du Texas, du Nouveau-Mexique et de la Californie.
(à propos de deux adaptations de Thomas Harris, Manhunter de Michael Mann
et Le Silence des agneaux de Jonathan Demme)
Le tueur en série désigne au moins depuis les années 1980 une catégorie criminologique à forte résonance médiatique. Il est aussi une figure mythologique pour un capitalisme tardif dont la culture de masse planétaire transforme tous les faits sociaux en marchandises spectaculaires.
(Frenzy d'Alfred Hitchcock et L'Étrangleur de Rillington Place de Richard Fleischer)
L'obscène est là, ses scènes se multiplient avec virulence à l'orée des années 1970 comme l'acné sur le visage d'un adolescent. L'obscène, qu'est-ce donc ? À l'origine c'est un mauvais présage pour les augures, une gaucherie sinistre que l'on peut entendre aussi en forçant un peu l'étymologie : ob-scène est la scène giclant de son socle et, abolissant toute distance, vous saute au visage à l'instar du facehugger d'Alien.
(Furyo de Nagisa Ôshima et Battle Royale de Kinji Fukasaku)
Quand Takeshi Kitano regarde le spectateur, c'est incroyable à quel point son regard peut porter si loin en plongeant si profond. Deux films importants se closent sur son regard, fin de Furyo (1983) de Nagisa Ôshima et fin de Battle Royale (2000) de Kinji Fukasaku et, à chaque fois, son visage donne à l'image la valeur renversante d'un miroir à retardement.
(Il n'y aura plus de nuit d'Éléonore Weber et Li(f/v)e d'Ismaël)
On n'y voit rien. Ou bien on y voit trop. Aveuglément. Les images prises par caméras thermiques appareillées aux hélicoptères militaires sont-elles encore des images ?
(Être vivant et le savoir d'Alain Cavalier et Tout s'est bien passé de François Ozon)
En 2013, la romancière Emmanuèle Bernheim livre le récit à la première personne de la mort de son père André par suicide médicalement assisté. C'est son dernier livre.