Joie renouvelée de cailler en longeant la Savoureuse et se réchauffer en discutant de l’un des 117 films, courts ou longs, documentaires ou fictions, œuvre classique, proposition expérimentale ou film en compétition, tous programmés à l’occasion de la 34ème édition de Entrevues, le Festival International du Film Belfort, qui s’est déroulée du 18 au 25 novembre 2019.
Les preuves sont suffisamment nombreuses désormais pour instruire l'actuelle vérité : le super-héros est devenu aujourd'hui une figure hégémonique dans l'imaginaire hollywoodien. Et même au-delà tant Hollywood façonne ou influence le champ global des représentations à l'ère spectaculaire.
Yasujirō Ozu n'est pas le cinéaste de la permanence mais celui de l'impermanence. Pour nous, son credo s'énoncerait dès lors moins à l'aide de la phrase célèbre de l'écrivain Lampedusa, dont Luchino Visconti aura offert une grande chambre d'écho avec l'adaptation de son roman Le Guépard (« Il faut que tout change pour que rien ne change »), qu'avec l'aphorisme bressonien, réécrit par Jean-Luc Godard à l'entame de ses Histoire(s) du cinéma (1988-1998) et ayant inspiré le titre du documentaire Ne change rien (2009) de Pedro Costa : « Ne change rien pour que tout soit différent ». Un terme en ramasserait l'idée : l'impermanence.
Jean Renoir, le plus grand cinéaste français et père de la Nouvelle Vague, humaniste et panthéiste, le fils a rejoint son père au musée : affaire classée. On y reviendrait donc seulement en raison d’une cinéphilie appliquée à être respectueuse des discours universitaires et patrimoniaux, y reconnaissant l’équivalent de la propédeutique de nos prédécesseurs. Que nenni. Les films de Jean Renoir sont à la revoyure parmi les plus contemporains, dans lesquels se jouent non seulement toutes les histoires du cinéma qui se sont reconnues dans son art, mais où surgissent aussi des instants d’éternité dont la valeur esthétique rédime les affaissements forçant notre présent à préférer la logique du pire.